Thèse soutenue

L'habitat perché et le peuplement entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge dans le massif jurassien

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Auteur / Autrice : David Billoin
Direction : Claude Raynaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : ARCHÉOLOGIE spécialité Archéologie des Mondes Antiques
Date : Soutenance le 24/10/2020
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéologie des sociétés méditerranéennes (Montpellier) - Archéologie des sociétés méditerranéennes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Cartron
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Bujard, Laurent Schneider
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Bourgeois, Anne Nissen Jaubert

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’habitat perché et le peuplement entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge dans le massif jurassien Trente ans d’archéologie ont considérablement enrichi les connaissances de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge dans le domaine de l’habitat. Mais toutes les facettes de l’occupation ne sont pas encore étudiées. Ainsi, les sites de hauteur sont redécouverts après l’oubli dans lequel les avait plongés une lecture historiographique événementielle et pessimiste, voyant dans ces sites de simples refuges ponctuels où se serait réfugiée une population apeurée par les « invasions barbares ». Pourtant identifiés par les recherches pionnières des érudits locaux depuis la fin du XVIIIe siècle, ces oppida, castra et castella signalés notamment dans les textes de Grégoire de Tour, sont rapidement délaissés et considérés alors comme dépourvus d’intérêt. De leur côté, archéologues et historiens du « beau Moyen Âge» s’appropriaient le phénomène de perchement de l’habitat dans la problématique de l’enchâtellement, en relation avec la féodalisation de la société. Plusieurs auteurs pourtant avaient attiré l’attention sur cette forme d’occupation, comme Gabriel Fournier (1962) en Auvergne et Paul-Albert Février (1978) dans le Midi, mais ces habitats de hauteur tardo-antiques sont restés en marge de toutes les grandes synthèses sur l’habitat. Hormis quelques fouilles ponctuelles, il faut attendre les années 2000 pour voir naître des projets de recherche sur cette thématique à part entière, l’un en Méditerranée (Schneider 2001), l’autre dans le Jura (Billoin, Gandel 2013). Ces sites de hauteur apparaissent dès lors beaucoup plus nombreux que l’on ne l’imaginait, révélant un phénomène général non cantonné à une tradition méridionale. Le perchement de l’habitat s’exprime avec force dans la variété des occupations, allant de modestes postes militaires, à des fortifications diverses liées à la défense du réseau viaire, où encore de véritables agglomérations perchées dotées d’enceinte maçonnée, d’église et/ou de constructions de type élitaires. Le caractère éphémère ou la stabilité de certains d’entre eux jusqu’à la période carolingienne et leur importance dans la trame du peuplement constituent autant d’avancées et de problématiques innovantes posées par ces établissements perchés qui rendent obsolète le schéma interprétatif traditionnel d’épiphénomène lié à l’insécurité. L’objectif de ce travail est d’analyser les éléments structurants et les modalités d’implantation de ces habitats perchés replacés dans la trame du peuplement entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge dans le massif du Jura. Entre France et Suisse, ce cadre géographique est suffisamment vaste pour accueillir une documentation abondante et présente le double intérêt d’être un secteur de la Gaule du centre-est encore mal connu, de transition entre un modèle socio-économique méditerranéen et un modèle septentrional, entre influences romaine et barbare. Les processus d’émergence de ces sites perchés, les rythmes d’occupation et leur impact dans la trame du peuplement imposent d’appréhender ces questions sur la longue durée, dans la continuité du substrat antique, en prenant comme point d’ancrage la traditionnelle rupture du Ve siècle, largement relativisé aujourd’hui, jusqu’à l’orée du phénomène castral au IXe siècle. Ces cinq siècles au cœur de notre problématique tiennent compte des antécédents de ces établissements perchés et de leur devenir au cours du Moyen Âge.