Thèse soutenue

La traversée des espaces adolescents De l’habiter et de l’expérience du monde Un projet pour l'enseignement de la géographie

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Auteur / Autrice : Sylvie Joublot-Ferré
Direction : Michel LussaultPhilippe Hertig
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 04/02/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (Lyon ; 2010-....)
établissement de co-direction : Haute école pédagogique du canton de Vaud (Lausanne, Suisse ; ....-2003)
Laboratoire : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....)
Jury : Président / Présidente : Christine Vergnolle-Mainar
Examinateurs / Examinatrices : Michel Lussault, Christine Vergnolle-Mainar, Xavier Bernier, Anne Sgard, Dominique Chevalier, Hervé Regnauld
Rapporteur / Rapporteuse : Xavier Bernier, Anne Sgard

Résumé

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Organisée en cinq mouvements, cette thèse en géographie culturelle, interroge l’habiter des adolescents à travers leurs pratiques spatiales, depuis les espaces domestiques jusqu’aux établissements scolaires, espaces publics, voire lieux des voyages, réels ou rêvés. L’étude est envisagée comme un moyen d’explorer la construction du rapport au monde des individus. Les adolescents sont abordés comme acteurs sociaux et spatiaux à part entière. L’enquête est conduite sur un terrain bi -national, franco-suisse, auprès d’adolescents âgés de 14 à 18 ans, scolarisés dans des établissements scolaires secondaires. La méthodologie de la recherche est inédite, en collectant des données selon plusieurs modalités. Interfaces individualisées et géolocalisation sont mobilisées au bénéfice de cartographies interactives. Des itinéraires commentés par les adolescents complètent des entretiens semi-directifs. Au-delà des pratiques spatiales récurrentes à l’intérieur du groupe, d’évidence la singularité des géographies adolescentes s’énonce et confirme la pertinence du thème des individualités en géographie et l’intérêt des cartographies personnelles et des parcours individuels accompagnés. L’exercice d’une micro-géographie, au « ras du sol », a permis d’observer « à la loupe » les expériences, de voir les détails habituellement peu visibles, et de reconstituer non seulement la concrétude du vécu spatial, mais de dévoiler les ressorts et les réseaux des relations à l’espace dans toute leur complexité. Des concepts se sont imposés comme opératoires pour rendre compte des caractères de cette relation : la nostalgie, la renommée, le voisinage et la familiarité. La recherche met également en lumière les médiations de l’expérience spatiale individuelle, et les processus d’entrée en familiarité voire d’attachement aux lieux. Un référentiel de la capabilité spatiale est proposé, il repose sur trois catégories : les facultés sensorielles, les habiletés spatiales et les compétences socio-spatiales. Des pistes pour de nouveaux apprentissages à l’École appuyés sur l’expérience spatiale des élèves sont explorées.L’enquête révèle la discontinuité de la présence et de l’attention au monde, mais également l’inégalité entre adolescents au plan des expériences et des compétences spatiales. Ces constats préoccupants devraient conduire à engager une réflexion pour une nouvelle éducation géographique dans le contexte actuel des défis sociétaux et environnementaux en particulier du point de vue du vivre ensemble et du changement global. Les résultats de la recherche intéressent donc directement l’enseignement de la géographie. Il y a une urgence désormais de la géographie à l’École au bénéfice d’une réflexivité à l’égard des pratiques spatiales, d’une co-construction prospective de l’espace partagé, d’une éducation à l’attention et enfin, d’une conscience du monde commun.