Analyse psychosociale de la radioprotection en mammographie de dépistage : Perspectives pour l'IRSN

Psychosocial Analysis of Radiation Protection in Screening Mammography : Perspectives for IRSN

• Auteur / Autrice : Manon Britel
• Direction : Marie Préau
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 14/02/2020
• Etablissement(s) : Lyon
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire GRePS (Lyon)
• Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : GRePS
• Jury : Président / Présidente : Bruno Quintard
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Christine Binquet, Michel Bourguignon
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Aurélie Untas, Laurent Auzoult

Mots clés

Mots clés contrôlés

Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) (Fontenay-aux-Roses ; 2002-....)

Cancer dû aux rayonnements

Mammographie

Cancer -- Prévention

Psychologie sociale

Mots clés libres

Psychologie sociale

Mammographie de dépistage

Risque de cancer radioinduit

Représentations sociales

Social psychology

Screening mammogram

Risk of radiation-induced cancer

Social representations

Résumé

Contexte : Dans un contexte d’augmentation significative de l’exposition aux rayonnements ionisants (RI) en imagerie médicale, un nombre croissant de travaux sur les risques radio induitsen médecine ont été publiés (Mathews, 2013 ; Colin, et al, 2017). Pourtant, cette question ne fait pas consensus (IRSN, 2012). En effet, les différences de perception des risques de cancer radio-induits associés aux faibles doses de RI, entrainent des pratiques hétérogènes chez les radiologues, notamment au sujet des femmes de moins de 50 ans qui réalisent des mammographie de dépistage.Ce travail de thèse en psychologie sociale de la santé vise à investiguer les enjeux de santé publique liée à l’exposition aux RI en mammographie de dépistage, sur la base d’un regard psychosocial intégrant les interactions entre les individus, le contexte social et l’objet étudié(Apostolidis, Dany, 2012). Il s’agit de comprendre ce qui guide les pratiques à la fois des radiologues et des femmes effectuant ou non le dépistage, dans les spécificités du contexte français. La théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961) constitue en ce sens un ancrage solide pour appréhender la sociogenèse des connaissances, face à l’objet méconnu et abstrait que sont les risques radio-induits (Apostolidis, et al, 2002 ; Jodelet, 1989).Problématique : Fondée sur l’articulation entre enjeux de terrain et perspectives théoriques,cette thèse vise à investiguer les représentations sociales de la mammographie, notamment son caractère irradiant, ainsi que la perception des risques qui lui sont associés et cela dans le cas spécifique des femmes de moins de 50 ans.Méthodes : Pour étudier cette question, quatre études ont été mises en place :• Étude d’un corpus de 236 documents institutionnels visant à appréhender dans le contexte national, le point de vue des institutions de santé publiques au sujet du dépistage du cancer du sein en France.• Étude d’un corpus de 430 articles issus de la presse grand public visant à recueillir les éléments de langage transmis dans le sens commun à propos de la mammographie de dépistage.• Étude auprès de 1300 femmes représentatives de la population française visant à investiguer les représentations de la mammographie de dépistage.• Étude auprès de 292 radiologues afin d’interroger leurs représentations et leur perceptions des risques associés à la mammographie de dépistage.Résultats principaux : Les résultats des différentes études permettent de mettre en évidence le fait que les radiologues et les femmes ont majoritairement tendance à faire des mammographies avant 50 ans, incité par le poids des normes sociales de santé, bien que les recommandations nationales invitent à la prudence. L’analyse des données a également permis d’appréhender le réseau des représentations sociales dans lequel s’inscrivent les risques associés à la mammographie de dépistage. Au sein de ce réseau, les risques radio induits semblent appartenir à une zone muette (Chokier, Moliner, 2006). Ce résultat questionne l’information faite aux femmes dans un contexte de décision médicale (Gesbert,Mamzer, 2016 ; Rakowski, 1993).Conclusion : Le dépistage individuel du cancer du sein semble s’inscrire dans un contexte global partisan du dépistage précoce, pour aider à circonscrire au mieux le cancer. Néanmoins,la prévention du cancer semble se faire au détriment d’une information exhaustive pour les femmes en ce qui concerne les rayonnements ionisants utilisés en mammographie. Ce travail invite alors à se questionner sur les modèles de prise de décision en santé et il ouvre des perspectives de recherche autour des questions de dépistage auprès des médecins généralistes et gynécologues, prescripteurs de la mammographie chez les femmes de moins de 50 ans.

Context : In the context of a significant and constant increase in exposure to ionizing radiation(IR) in medical imaging, an ever-increasing number of studies on radiation-induced risks inmedical imaging are being published (Mathews, 2013 ; Colin et al, 2017). However, healthprofessionals in the field have different opinions about this issue (IRSN, 2012). While the risksof radiation-induced cancers associated with low doses of IR - especially in women under 50who perform screening mammograms - may be considered a necessary evil by someradiologists, others are less of this opinion. Although the French National Cancer Institute(INCa 2014b) have provided recommendations to address this issue, healthcare practices donot seem to have changed sufficiently.This PhD thesis in social psychology of health aimed to investigate public health issues relatedto exposure to IR in screening mammograms by integrating the interactions betweenindividuals, the social and cultural context, and the object studied (Apostolidis, Dany, 2012).The research work focused on understanding what guides radiologists’ and women’s decisionmakingprocesses in terms of performing breast-cancer screening or not, in the Frenchcontext. Social representations theory (Moscovici, 1961) was used, as it constitutes a suitabletheoretical basis to investigate the sociogenesis of knowledge when confronted with anunknown and abstract object, or radiation-induced risks in the present context (Apostolidis,Duveen, Kalampalikis, 2002, Jodelet, 1989).Research question: Linking practical field issues with theoretical perspectives, we aimed toinvestigate the social representations of mammograms, particularly regarding the IRdimension, and the perception of the risks associated with them, especially in women under50 years of age.Methods: To study this question, four studies were conducted:• A study of a corpus of 236 institutional documents, to gain a better understanding ofboth the national context, and public health institutions’ points of view about breastcancer screening in France.• A study of a corpus of 430 articles from the mainstream press, to identify commonlanguage elements regarding screening mammograms.• A study of 1,300 women, representative of the French population, to investigate theirrepresentations of screening mammograms.• A study of 292 radiologists, to explore their representations and perceptions of therisks associated with screening mammograms.Results: The results helped highlight the social health norms linked to the decision to have ascreening mammogram in women under 50 years of age in France. The majority of radiologistssurveyed seemed to agree with the need for mammograms in young women, despite the factthat national recommendations call for caution. Data analysis also made it possible tounderstand the social representations network which encompasses the risks associated withscreening mammograms. However, the radiation-induced risks seem to be absent from theobjectification process of the sociogenesis of the women's network. This result raises thequestion of whether women are indeed well informed about IR-related risks when decidingto be screened or not (Gesbert, Mamzer, 2016, Rakowski, 1993).Conclusion: Individual screening for breast cancer seems to be part of a global contextadvocating early detection to help best define the cancer. Nevertheless, cancer preventionseems to take priority over providing women with exhaustive information about the ionizingradiation used in mammograms. The present work invites us to question health decisionmakingmodels and opens up new research perspectives for general practitioners andgynaecologists, who prescribe mammograms for women under 50 years of age.