Thèse soutenue

Imaginer les ports romains : la contribution de l’iconographie à la reconstitution des paysages portuaires de méditerranée à l’époque impériale

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Auteur / Autrice : Stephanie Mailleur
Direction : Pascal ArnaudSimon J. Keay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 11/09/2020
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec University of Southampton
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Histoire et Sources des Mondes Antiques (Lyon ; 2003-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre-Louis Gatier
Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Cabouret, Andrew Jones, Julian Whitewright
Rapporteurs / Rapporteuses : Ulrike Gehing, Sarah Scott

Résumé

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Au cours des trois premiers siècles de notre ère, Rome connaît son apogée et la domination romaine continue de s'établir tout autour de la Méditerranée. Le contrôle de la Mare Nostrum et la connexion entre Rome et ses provinces sont assurés grâce aux réseaux de ports. À l’époque impériale, les ports jouent ainsi un rôle crucial puisqu’ils permettent de maintenir un rayonnement économique et commercial tout autour de l’Empire. Plus qu’une simple interface entre la mer et laterre, les ports font l’objet d’une attention particulière et forment un réel paysage urbain, constitué de bâtiments et de monuments organisés autour de l’espace portuaire de façon scénographique et programmée, que l’on peut qualifier de « portscape » (paysage portuaire). Cette notion théorique, que j’ai développée dans cette thèse, est dérivée du concept de «townscape » (paysage de la ville) introduit par P. Zanker dans sa publication sur l’urbanisme de Pompéi publiée en 19981. Elle consiste à analyser l’organisation spatiale des bâtiments et monuments, individuellement et dans l’ensemble de l’espace portuaire, ainsi que leurs fonctions respectives. Cette approche a également pour objectif d’étudier la relation entre la fabrication de cet espace urbain et la société. Cette réflexion holistique est combinée au concept de « maritimecultural landscape » (paysage culturel maritime), introduit par C. Westerdhal en 19922, qui permet d’aborder les aspects culturels de cet espace construit constituant le cadre de vie des sociétés portuaires et de leurs activités.Le développement disciplinaire de l’archéologie sous-marine et l’intérêt croissant pour les réseaux et le commerce maritime ont mené à la multiplication des études portant sur les infrastructures portuaires au cours des dernières décennies. Malgré cela, la réalité des infrastructures portuaires reste assez mal comprise car les vestiges ne sont généralement pas très bien conservés. Il est donc fondamental d’utiliser d’autres types de sources, comme l’iconographie,pour mieux appréhender les « portscapes » romains. Sous l’Empire, les ports apparaissent fréquemment dans les représentations artistiques. Au cours de cette recherche, j’ai rassemblé un corpus de 264 images portuaires sur des supports variés : lampes, monnaies, peintures, mosaïques, sculptures, verres incisés, pierres gravées etc. Sur ces documents figurent des vues générales de paysages maritimes, des éléments architecturaux isolés de ports (tels que des phares) et des activités portuaires suggérant les infrastructures portuaires (comme des scènes de pesée ou bien des scènes de chargement/déchargement de marchandises). Bien que l’essentiel du corpus date de l’époque impériale, l’intégration de documents appartenant aux périodes préromaines et à l’Antiquité tardive permet d’établir des comparaisons diachroniques.Cette recherche constitue la première tentative d’évaluation, à grande échelle, du potentiel documentaire des sources iconographiques pour comprendre l'aspect, la disposition et le design des ports romains. Considérer les images comme sources historiques est un concept assez récent puisque l'art, longtemps considéré comme étant simplement illustratif, n’occupait qu’une place marginale dans les études d’histoire ancienne. Les images peuvent apporter, en effet, unecontribution importante pour l'étude de l'aspect architectural et urbain des principaux ports de Méditerranée car elles montrent ce qui n'existe plus archéologiquement, telles que les élévations de bâtiments portuaires, souvent réduits aujourd’hui à leurs seuls niveaux de fondations. Ainsi, cette thèse de doctorat soulève les questions de recherche suivantes : - Quelle contribution l'iconographie peut-elle apporter à notre compréhension des paysagesportuaires de l’époque impériale ? Quelles sont les caractéristiques du portscape romain selon les sources iconographiques ? Quels sont les éléments réels et quels sont les éléments standardisés ? D’où viennent cesstandards ?...