Thèse soutenue

Le traitement de la continuité à travers le temps et la temporalité des traces en mémoire

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Auteur / Autrice : Bertrand Coulombel
Direction : Rémy Versace
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 15/01/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs Lyon
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire d'Etude des Mécanismes Cognitifs / EMC
Jury : Président / Présidente : Yann Coello
Examinateurs / Examinatrices : Gaën Plancher, Guillaume Vallet
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Brouillet, Sylvie Droit-Volet

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Dans nos vies d'êtres humains, nous avons chacun plusieurs rôles différents que l'on doit remplir de manière périodique. S'occuper de notre travail, s'occuper de notre santé, s'occuper de nos relations avec les autres, etc. Aucune de ces activités ne peut être terminée une bonne fois pour toute, encore moins d'une seule traite. Ce sont des activités que l'on poursuit de manière fragmentée et épisodique. Chaque fragment, chaque épisode étant la continuité du dernier épisode associé à la même activité dans notre passé.Autrement dit on peut voir la vie avec un grand V comme un ensemble de petites vies, de "continuités", entremêlées les unes dans les autres à travers le temps. Il y a la continuité au travail, la continuité loisir, la continuité avec les amis, etc. Chaque continuité ayant un contexte, un passé, un présent et un futur propres. De la même manière que notre corps se déplace dans un espace physique composé de lieux, de bâtiments, de salles dans lesquels il peut aller et revenir, notre conscience se déplace dans un espace mental composé de sujets de pensée, de buts, d'activités, d’histoires dans lesquels elle va et revient de sorte à former différentes continuités qui se croisent et qui se poursuivent à travers le temps.Ainsi donc, plutôt que de traiter notre vie comme un tout indifférencié et hypercomplexe, nous passons d'une partition à une autre, d'une conscience à une autre, en permanence. Et les écarts temporels entres deux fragments d'une même continuité peuvent être très longs. Ce qui peut rendre notre perception du temps assez confuse. Bien souvent on ne sait plus trop depuis combien de temps chacune des continuités de notre vie s'est arrêtée. Quand on se reconnecte à une continuité, on a souvent cette impression que c'est un peu comme si c'était hier et que pratiquement rien ne sépare cet instant présent que l'on vit de la dernière fois passée dont on peut se remémorer. Mais cela dit pour ce qui est du déroulement de notre vie, cela reste naturel pour nous de vivre comme cela, de basculer d'une continuité à une autre, qui n'ont rien à voir, et de s'y retrouver. Par exemple juste avant de lire cette thèse, vous faisiez probablement autre chose qui n'a rien à voir avec ce dont il est question ici, votre esprit était dans une continuité différente. Et après la lecture vous irez poursuivre quelque chose d’autre dans votre vie. Malgré la fragmentation des différents épisodes, il est rare de se mélanger les pinceaux et de ne plus savoir où on est. Néanmoins certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer suggèrent que notre sens de l’orientation mental peut être perturbé, et que l’on peut effectivement se perdre dans les fragments de notre propre existence. Et donc on peut se demander comment notre cerveau opère pour gérer des vies dont le contenu est si fragmenté et mélangé dans le temps sans jamais se perdre. Pour étudier tous les mécanismes impliqués dans ce traitement des continuités, ce que je fais avec mes expériences c'est que je reproduis à une échelle réduite la fragmentation de notre vie à travers des jeux-vidéo. Dans mes expériences les participants jouent à plusieurs jeux, chaque jeu représentant une continuité à part entière. À partir de là je manipule des paramètres pour différencier les jeux les uns des autres et je mesure l'impact que cela a sur certaines performances et certaines estimations. Mes objectifs sont de caractériser ce qui définit une continuité, de comprendre et d’investiguer comment notre cerveau procède pour avancer dans le temps et gérer le futur, et de faire des ponts entre des champs d'étude qui sont encore relativement cloisonnés les uns des autres : la mémoire rétrospective (du passé), la mémoire prospective (du futur), la prospection (la simulation du futur), la segmentation des événements, la cognition narrative, et la perception du temps. De sorte à élucider la dynamique globale entre tous ces mécanismes qui rendent si transparentes les coutures de notre existence.