Thèse soutenue

Aspects moléculaires des dyscrasies plasmocytaires : intérêts diagnostiques, pronostiques et théranostiques

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Auteur / Autrice : Eileen Mary Boyle
Direction : Charles Dumontet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire
Date : Soutenance le 15/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
Jury : Président / Présidente : Hervé Ghesquières
Examinateurs / Examinatrices : Charles Dumontet, Catherine Thieblemont, Mohamad Mohty, Jo Caers, Jill Corre, Norma Gutiérrez, Brian Walker
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Thieblemont, Mohamad Mohty

Résumé

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Les dyscrasies plasmocytaires regroupent un ensemble d’hémopathies lymphoïdes matures caractérisées par la production d’un composant monoclonal. Il s’agit d’un ensemble d’hémopathies hétérogènes regroupant des entités asymptomatiques tel que le myélome indolent (SMM) ou la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS) à des formes aux symptômes divers allant du myélome multiple (MM) à l’amylose à chaine légère (AL). L’objectif de ce travail est de caractériser ces entités au niveau moléculaire en vue d’établir des similarités et des différences qui pourraient être utile en clinique. A ces fins, un séquençage exomique complet de 24 AL au diagnostic a été réalisé et a permis de mettre en évidence l’absence de spécificité d’un point de vue mutationnel ou cytogénétique. Cette entité s’inscrit donc dans le spectre complet des hémopathies plasmocytaires allant de la MGUS au MM symptomatique. En vue de caractériser les différences entre le myélome symptomatique et asymptomatique, un séquençage ciblé de 82 patients atteints de SMM et 223 patients atteints de MM au diagnostic a permis de mettre en évidence que certaines anomalies sont moins fréquentes dans le myélome indolent tel que la t(4 ;14), les réarrangements de MYC, les gain(1q) et les mutations de NRAS et FAM46C suggérant qu’il s’agit d’anomalies associées soit à une courte phase asymptomatique ou des marqueurs de transformation. Par ailleurs la contribution d’APOBEC à la mutagénèse était moindre chez dans les échantillons de SMM. L’ensemble de ces données sont donc en faveur d’un modèle en deux temps, où l’acquisition d’évènements secondaires déstabilise la cellule tumorale qui peut alors proliférer, ce qui conduit au développement de symptômes cliniques. Mais puisqu’il s’agit d’un phénomène dynamique, l’analyse séquentiel de 53 échantillons médullaire issu de 9 patients au cours du temps a permis de déterminer l’évolution de l’architecture clonale, ainsi que les facteurs favorisant la compétition clonale au cours du temps. L’ensemble de ces données collectées ont permis d’identifier des populations à risque de développer une forme symptomatique de la maladie et pourrait être utilisée à des fins de diagnostic personnalisé précoce en clinique s’appuyant sur des critères clinico- biologique. Enfin concernant le MM proprement-dit, par un séquençage ciblé de 223 patients jeune au diagnostic, des facteurs mutationnels pronostic tel que BRAF et DIS3 ont été identifié. Chez le sujet âgé, l’analyse d’un groupe de 980 patients séquencé au préalable, a mis en évidence un excès de chromothrypsis chez les sujets âgés possiblement corrélé à la longueur des télomères leucocytaires. Par ailleurs, ces données suggèrent l’existence d’une hématopoïèse clonale chez 10% des patients, qui augmente avec l’âge mais ne conditionne pas le pronostic. Enfin, un liens potentiel entre longueur des télomères tumoraux, et instabilité génomique sous tendant une survie défavorable chez le sujet âgé a pu être mise en évidence confirmant ainsi la place de la génétique dans l’appréciation du pronostic de ces patients. Au total, l’ensemble de ces données sont en faveur de l’intérêt croissant pour la génomique dans les dyscrasies plasmocytaires. En amenant de la précision au diagnostic et pronostic des formes asymptomatiques, elle ouvre la voix au raffinement de la prise en charge de patients et offre une base pour des études futures tant cliniques que fondamentales.