Impact de l’exercice physique sur le muscle squelettique drépanocytaire : caractérisation de la fatigabilité musculaire et des effets de l’exercice aérobie sur la balance pro-antioxydant
Auteur / Autrice : | Étienne Gouraud |
Direction : | Christophe Hautier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie |
Date : | Soutenance le 09/12/2020 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....) |
Laboratoire : Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (Saint-Etienne ; Lyon ; Chambéry ; 2016-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Canet-Soulas |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Hautier, Samuel Vergès, Christelle Koechlin-Ramonatxo, Sophie Antoine-Jonville, Pablo Bartolucci, Philippe Connes, Léonard Féasson | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Samuel Vergès, Christelle Koechlin-Ramonatxo, Sophie Antoine-Jonville |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La drépanocytose est une maladie caractérisée par la production d’une hémoglobine mutée, l’hémoglobine S, dont les formes les plus répandues sont la forme homozygote S/S et double hétérozygote composite S/C. L’hémoglobine S possède la capacité de polymériser au sein du globule rouge en condition désoxygénée modifiant sa morphologie provoquant ainsi des complications cliniques multi-organiques. Ces patients présentent une capacité à l’exercice réduite dont les causes sont des altérations cardio-vasculaires cependant l’implication du muscle squelettique n’est pas encore totalement caractérisée dans la drépanocytose. En effet, le muscle squelettique drépanocytaire présente une amyotrophie, un remodelage profond de la microcirculation et une diminution de sa capacité à produire de la force cependant la présence d’une dysfonction musculaire à l’exercice n’a pas encore été décrite. Plusieurs études suggèrent que le stress oxydatif pourrait être élevé dans le muscle drépanocytaire expliquant ainsi en partie les altérations observées. Chez les sujets sains, l’exercice chronique aérobie est connu pour améliorer la capacité antioxydante musculaire notamment par l’augmentation de l’activité des enzymes antioxydantes. Cependant, les effets de ce type d’exercice sur le stress oxydatif n’ont pas encore été caractérisés dans la drépanocytose. Ainsi, les objectifs de cette thèse sont de 1) mettre en évidence une dysfonction musculaire chez des patients drépanocytaires S/S et S/C et de 2) déterminer les modifications induites par un exercice chronique aérobie sur le stress oxydatif au sein du muscle squelettique dans un modèle murin drépanocytaire. Lors d’une première étude, des sujets sains (A/A) et patients drépanocytaires S/S et S/C ont effectué un exercice mono-articulaire sous-maximal du quadriceps à une intensité correspondant à 25% de leur force maximale isométrique (Fmax) suivi d’un test de marche de 6 minutes (T6M). Fmax a été mesurée avant et après cet exercice mono-articulaire, et après le T6M et la perte de Fmax a été utilisée pour quantifier la fatigabilité musculaire. Au cours du protocole, les activités électromyographiques du Vastus Lateralis (VL) et du Vastus Medialis ainsi que l’oxygénation musculaire par spectroscopie proche infrarouge du VL ont été mesurés au cours de l’exercice. Le principal résultat de cette étude est que les patients drépanocytaires S/S et S/C présentent une fatigabilité musculaire accrue comparés aux sujets A/A. Cette fatigabilité accrue semble être provoquée par des altérations musculaires plutôt qu’une modification de l’oxygénation musculaire. De plus, il semblerait que les mécanismes d’apparition de la fatigue musculaire soient différents entre les S/S et S/C comme le suggère les modifications des paramètres électromyographiques. Ainsi, le muscle des patients S/C semble moins altéré que celui des patients S/S. Dans une seconde étude, des souris Townes A/A et S/S ont suivi un exercice chronique aérobie d’intensité modérée de 8 semaines puis la mesure de marqueurs permettant de caractériser la balance pro/anti-oxydant a été effectuée dans le gastrocnemius, le plantaris et le soleus. A l’issue de ces 8 semaines, nous avons observé des modifications uniquement dans le gastrocnemius des souris S/S entraînées. En effet, l’activité de la NADPH oxydase ainsi que de la superoxyde dismutase et de la catalase étaient plus élevées chez les souris S/S entraînées. Ces résultats suggèrent une altération de la balance pro/antioxydante en réponse à un exercice chronique aérobie d’intensité modérée au sein du muscle squelettique drépanocytaire. Enfin, contrairement aux souris S/S entraînées, nous n’observons pas de modifications de la balance pro/antioxydante dans les souris S/S sédentaires indiquant que le stress oxydatif ne serait pas augmenté dans le muscle drépanocytaire.