Thèse soutenue

Caractérisation des dyslexies visuo-attentionnelles : vers un dépistage précoce et une remédiation spécifique

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Auteur / Autrice : Audrey Vialatte
Direction : Laure Pisella
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Yves Rossetti
Examinateurs / Examinatrices : Laure Pisella, Michel Habib, Thérèse Collins, Marie-Line Bosse, Frédéric Devinck
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Habib, Thérèse Collins

Résumé

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La dyslexie est majoritairement considérée comme un trouble phonologique. Or la lecture est également une activité de traitement visuel du support écrit. L’objectif de cette thèse est de caractériser les déficits visuo-attentionnels qui peuvent affecter l’apprentissage de la lecture, en étudiant 1) des enfants dyslexiques mais aussi 2) une patiente présentant une lésion bilatérale du lobule pariétal supérieur (LPS) car cette structure cérébrale a été montrée sous-activée dans la dyslexie développementale. 1) Pour étudier les déficits visuo-attentionnels des dyslexiques, nous nous sommes éloignés du contexte de la lecture avec des tâches de perception visuelle. Nous savons que les enfants dyslexiques sont plus lents en recherche visuelle lorsqu’il faut trouver un symbole (item fait de combinaisons de lignes à l’instar des lettres) que pour trouver une ligne simple. En utilisant une fenêtre mobile de visibilité bougeant avec les yeux (Étude 2), nous avons montré que le traitement visuel des symboles est similaire lorsqu’ils réalisent la tâche avec une fenêtre réduite, alors que chez les enfants normo lecteurs et dyslexiques qui ne sont pas ralentis dans la recherche de symboles la réduction de la visibilité augmente leurs temps de réponses. Cette lenteur de traitement correspond donc à l’utilisation d’un champ visuo-attentionnel réduit face aux symboles. Dans le contexte de la lecture, ceci empêcherait de traiter les mots dans leur ensemble et entrainerait une lenteur et des erreurs pour les longs graphèmes. Nous avons observé que les enfants dyslexiques lents au repérage de symboles ne sont pas systématiquement déficitaires dans d’autres tâches visuo-attentionnelles ou visuo-spatiales relevant de la voie dorsale. Ce groupe présente autant d’enfants avec un empan visuo-attentionnel de lettres réduit que celui des dyslexiques rapides au repérage des symboles. Sa prévalence de présenter un score inférieur à l’interquartile de la population normale au test d’évaluation de la Perception Visuo-Spatiale Élémentaire (PVSE) est de 40%. Bien que ce pourcentage soit plus faible que ce qui a été retrouvé dans une autre étude (Étude 1) avec un échantillon plus large d’enfants avec trouble spécifique des apprentissages (59%), il reste plus élevé que dans le groupe de dyslexiques rapides au repérage des symboles (24%). Par contre, le biais local d’attention souvent décrit dans la dyslexie n’a pas été retrouvé clairement à l’échelle du groupe. Différents profils semblent donc être observés même au sein des dyslexies neuro-visuelles et il semble important de les prendre en considération pour une remédiation plus spécifique. 2) Une patiente présentant une lésion bilatérale du LPS s’étant traduite en phase aigüe par une totale simultagnosie présente quant à elle l’ensemble de ces déficits (empan visuo-attentionnel, repérage des symboles, perception globale et perception visuo-spatiale élémentaire). Le LPS a été impliqué dans la dyslexie de par son rôle dans le traitement simultané de multiples éléments. Nous avons donc étudié le traitement visuel simultané des symboles chez cette patiente lors de tâches de recherche visuelle (Étude 3) et d’identification d’un élément au sein d’un triplet dans différentes conditions d’interférence et d’encombrement spatial (Étude 4). Les résultats ont montré un déficit de localisation des objets. Les symboles résultant de la combinaison de plusieurs lignes introduisent un déficit supplémentaire de localisation intra-objet qui ralentit voire empêche leur identification. De plus si les symboles sont tous différents (comme dans la lecture), l’incertitude visuo-spatiale est telle que seul un traitement symbole par symbole est possible. Les déficits visuo-attentionnels caractérisés lors de cette thèse permettent d’envisager un dépistage et une remédiation précoce car ce sont des processus qui peuvent être testés avant l’apprentissage de la lecture