Thèse soutenue

Rôles des endophytes fongiques racinaires dans la tolérance de Fallopia aux éléments Traces Métalliques

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Auteur / Autrice : Louise Barberis
Direction : Florence PiolaSerge MichaletPhilippe Binet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance le 14/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Laboratoire d'Écologie, des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés
Jury : Président / Présidente : Gilles Comte
Examinateurs / Examinatrices : Florence Piola, Geneviève Chiapusio, Eric Tabacchi, Soizic Prado, Marie-Noëlle Binet, Jean-philippe Bedell, Emmanuelle Porcher
Rapporteurs / Rapporteuses : Geneviève Chiapusio, Eric Tabacchi

Résumé

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Depuis la révolution industrielle et ses émissions de contaminants, les sols sont soumis à des concentrations de plus en plus fortes en éléments traces métalliques (ETM). Ceux-ci, non-biodégradables et toxiques à faible dose, posent des problèmes environnementaux et sanitaires majeurs. Pourtant, de nombreux organismes, notamment végétaux, ont pu s’y adapter : c’est le cas des Renouées asiatiques, qui s’étendent en Europe y compris dans les milieux contaminés aux ETM. Les Renouées sont, comme la majorité des plantes, associées avec des microorganismes ; certains champignons présents dans leurs racines pourraient être impliqués dans la tolérance de cette plante aux ETM. L’objectif général de cette thèse est de tester cette hypothèse, en étudiant les espèces fongiques associées aux racines des Renouées asiatiques et leurs rôles dans la tolérance de ce taxon à la pollution métallique des sols, en conditions contrôlées. Pour cela, des rhizomes de Renouées ont été mis en culture sous serre, en présence ou non d’ETM (Cd, Cr, Zn et leur mélange). La colonisation fongique des racines a été quantifiée, des souches endophytiques isolées et les métabolites secondaires présents dans les racines et dans certaines souches isolées identifiés et quantifiés. L’ensemble de ces données a été mis en relation avec les traits de performance de la plante, en fonction des conditions métalliques. Une étude bibliographique (Axe 1) inventoriant les endophytes fongiques présents dans les racines des plantes et leurs effets sur la tolérance de leur hôte aux ETM a mis en évidence l’ubiquité (diversité d’hôtes et d’environnements) des endophytes fongiques racinaires, leur diversité taxonomique et leurs propriétés stimulatrices de la croissance de leur hôte. En milieu contaminé aux ETM, ces endophytes inoculés aux plantes sont bénéfiques à leur croissance. Deux expérimentations en conditions contrôlées ont été menées pour étudier l’effet des métaux sur les Renouées d’une part, et identifier les endophytes qui lui sont associés d’autre part (Axe 2). Ces expérimentations ont confirmé la tolérance des Renouées aux ETM, leurs traits étant peu affectés par les contaminations. 27 endophytes appartenant aux Dothideomycetes et Sordariomycetes en majorité ont été isolés de leurs racines. Certains d’entre eux ont été testés pour leur tolérance aux ETM et d’autres pour la production de métabolites secondaires. Parmi ces souches, Fusarium oxysporum, Trichoderma sp., Diaporthe sp. semblent particulièrement intéressantes pour leur tolérance aux ETM et leur production de composés bénéfiques aux plantes. Enfin, l’effet des endophytes sur la tolérance de la Renouée aux ETM a été exploré, en modifiant le contenu endophytique des plantes et par quantification microscopique des endophytes fongiques racinaires (Axe 3). Certains d’entre eux, tels que les Olpidium, sont bénéfiques aux Renouées en absence de contamination, mais d’autres tels que les endophytes septés (DSE, Dark Septate Endophytes) stimulent la croissance en présence de Zn. Les DSE sont plus abondants lors du stress métallique. En parallèle, l’ajout de Zn dans le sol provoque une augmentation de la concentration en torosachrysone dans les racines, elle-même corrélée à la fréquence de colonisation des racines par les DSE. Ces résultats s’inscrivent dans la théorie de « l’appel à l’aide », la plante soumise à un stress sécrétant des molécules messagères chargées de recruter des microorganismes pour l’aider à y faire face. L’ensemble de ces études conforte l’importance des endophytes fongiques racinaires dans la tolérance de leur hôte Fallopia aux contaminants métalliques, et a permis d’identifier des champignons spécifiques et des molécules particulières dont les rôles seront approfondis dans de futures expérimentations. Ces résultats s’intègrent dans la compréhension des invasions végétales et pourront être utiles en phytorémédiation afin d’améliorer la croissance de plantes extractrices de contaminants métalliques