Thèse soutenue

Efficience du système de surveillance-lutte de la brucellose bovine en France : évaluation, caractérisation et pistes d’amélioration par les approches épidémiologique et sociologique

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Auteur / Autrice : Sofia Mlala
Direction : Viviane HenauxFrançois Dedieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique vétérinaire
Date : Soutenance le 09/09/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (France ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Raphaël Guattéo
Examinateurs / Examinatrices : Viviane Henaux, Nicolas Antoine-Moussiaux, Claire Ponsart, Philippe Vanhems, Elisabeta Vergu
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Antoine-Moussiaux, Claire Ponsart

Mots clés

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Résumé

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En France, la mise en place de la plupart des systèmes de surveillance et de lutte contre les maladies réglementées des bovins (tuberculose bovine, leucose bovine enzootique, brucellose bovine) date des années 1960-1970. Ces systèmes ont été peu modifiés depuis, malgré l’évolution favorable de la situation épidémiologique et l’acquisition de statuts « officiellement indemne ». Or, maintenir de tels systèmes de surveillance est coûteux pour des maladies absentes du territoire et dont le risque de réintroduction est non nul mais faible. Dans un contexte de restriction des ressources allouées à la santé publique vétérinaire, il est important de s’interroger sur l’efficience actuelle (rapport efficacité/coût) de ces systèmes, et sur son éventuelle amélioration. Notre étude porte sur le système de surveillance de la brucellose bovine. Ce système repose sur 1) une surveillance « événementielle » (visant la détection précoce de la maladie), par la déclaration obligatoire de tout avortement, et 2) une surveillance « programmée » (garantissant le statut indemne), par le dépistage annuel des élevages bovins et celui des bovins introduits dans un cheptel. La surveillance et la lutte contre la brucellose bovine coûtent environ 17 millions d'euros par an, ce qui est relativement élevé compte tenu de la quasi-absence de la maladie en France (deux foyers depuis l’acquisition du statut indemne en 2005). Par ailleurs, la surveillance événementielle de la brucellose bovine a une sensibilité limitée car moins d’un tiers des avortements détectés est déclaré. Se pose donc la question de l’adéquation entre le coût du système de surveillance-lutte, ses performances et la situation épidémiologique actuelle. Nous avons abordé cette question par deux approches complémentaires. À travers une enquête sociologique réalisée dans deux départements (nommés A et B) aux profils d’élevage similaires et au niveau de déclaration des avortements contrasté (B ayant un taux de déclaration supérieur à A), nous avons cherché à comprendre quels facteurs influençaient la production et la circulation d’information pour la surveillance sanitaire au sein du réseau d’acteurs, à l’échelle départementale. À travers un modèle de simulation mécaniste, stochastique, individu-centré, nous avons évalué l’efficience du système actuel et exploré des pistes d’amélioration de cette efficience. Notre analyse sociologique a abouti à deux modèles socio-économiques : pro-curatif dans le département A et pro-préventif dans le département B, qui ont montré un lien entre le niveau de concurrence subi par les vétérinaires sur la vente de médicaments vétérinaires et la contribution globale du système d’acteurs à la surveillance sanitaire. Notre analyse a montré que la nature de l’information produite dans le modèle pro-préventif correspondait mieux aux besoins de la surveillance que dans le modèle pro-curatif (une information collective et précoce), et circulait de manière plus fluide entre les acteurs. Notre modèle de simulation a montré : 1) une amélioration de l'efficience du système de surveillance par la suppression des contrôles à l'introduction, 2) une diminution de l'efficience par le dépistage annuel de tous les adultes dans un tiers des élevages allaitants (quel que soit leur niveau de risque vis-à-vis de la brucellose) au lieu de 20% des adultes dans tous les élevages, et 3) une légère amélioration de l'efficience par la déclaration de séries d'avortements au lieu de tous les avortements. La confrontation de ces résultats montre que le coût réel d’une modification du système de surveillance serait plus important dans une configuration d’acteurs pro-curative que dans une configuration pro-préventive. Par ailleurs, les économies associées à cette modification, selon leur nature, n’impacteraient pas les mêmes acteurs, positivement comme négativement. Il est donc important d’anticiper ces impacts et de pouvoir les caractériser en fonction de la configuration locale des acteurs