Thèse soutenue

Mécanismes cognitifs et neuronaux sous-tendant la régulation de la douleur aiguë par la méditation de pleine conscience : une recherche utilisant des méthodes expérimentales et expérientielles
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Auteur / Autrice : Jelle Zorn
Direction : Antoine Lutz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences cognitives
Date : Soutenance le 23/06/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Yves Rossetti
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Lutz, Stefan Schmidt, Audrey Vanhaudenhuyse, Magali Ollagnier-Beldame, Maud Gaëlle Frot
Rapporteurs / Rapporteuses : Stefan Schmidt, Audrey Vanhaudenhuyse

Résumé

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La douleur ne reflète pas directement les stimulations de l'entrée sensorielle, mais est façonnée par plusieurs facteurs cognitifs-affectifs qui peuvent amplifier ou réduire l'expérience de la douleur. Un des principaux facteurs aggravants est la catastrophisation de la douleur, une disposition mentale négative qui exagère et amplifie la douleur. Il a été proposé que la méditation de pleine conscience implique la cultivation d'une posture métacognitive centrée sur le moment-présent, appelée défusion cognitive, qui contrecarre les processus de pensée élaboratifs comme la catastrophisation de la douleur, tout en conservant l'ouverture à l'expérience sensorielle. Cette postureré duirait le désagrément de la douleur en induirant un découplage sensori-affectif de l'expérience de la douleur. Cette hypothèse n'a pas été explorée explicitement jusqu'à présent, ce qui a étéle but du présent travail. Nous avons également exploré l'hypothèse selon laquelle la chronométrie de l'insula antérieure est un marqueur sensible du découplage sensori-affectif de l'expérience de la douleur pendant la méditation pleine conscience. Nous avons appliqué une approche multidisciplinaire qui était informée par la phénoménologie des pratiques de pleine conscience et visait à répondre aux questions cliniquement pertinentes. Cette approche combinait des méthodes expérientielles à des méthodes expérimentales dans le contexte d'un nouveau paradigme de douleur aiguë utilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle(IRMf). Ce paradigmea été conçu pour amplifier les aspects cognitifs-affectifs de l'expérience de la douleur,et a été utilisé chez des méditants novices et experts expérimentés. Nous avons constaté qu'un style de méditation de pleine conscience dit de Monitoring Ouvert réduisait le désagrément de la douleur mais pas l'intensité de la douleur par rapport à la distraction attentionnelle chez les novices (effet d'état) et les méditants experts (effets d'état et de trait). La catastrophisation de la douleur prédisait ce découplage sensori-affectif (étude 1). De plus, la défusion cognitive a montré une relation inverse spécifique par rapport aux mesures de catastrophisation de la douleur, et les deux constructions prédisaient spécifiquement le désagrément de la douleur par opposition à l'intensité de la douleur, la défusion cognitive montrant les associations les plus fortes. Aucune dimension expérientielle n'a été identifiée comme médiateur de cette relation (étude 2). Enfin, les prédictions sur l'insula antérieure en tant que marqueur neuronal du découplage sensoriel-affectif de la douleur n'ont été que partiellement confirmées. Consistent avec nos hypothèses, les experts ont montré au cours de l'anticipation de la douleur une activation de l'insula antérieure inférieure à celle des novices dans un cluster qui prédisait négativement le découplage sensoriel-affectif rapporté par les participants pendant la douleur. Cette activité n’était pas corrélée avec les scores de catastrophisation de la douleur. Néanmoins, nous n'avons pas pu confirmer des hypothèses plus larges sur la fonction de l'insula antérieure pendant la douleur et n'avons pas pu identifier les marqueurs neuronaux des effets d'état rapportés par les participants. Au lieu de cela, nous avons observé des différences de groupe prononcées dans plusieurs regions préfrontales lors de la réception et de l'anticipation de la douleur qui pourraient être liées à une expérience subjective de la douleur (étude 3). Une analyse future de la connectivité fonctionnelle entre l’insula et le reste du cerveau pourrait permettre de raffiner la compression de mécanismes neurophysiologiques en jeu pendant ces états. Ces résultats font progresser notre compréhension des mécanismes cognitifs et neuronaux qui sous-tendent la régulation de la douleur basée sur la méditation de pleine conscience et permettent de raffiner les stratégies psychothérapeutiques de traitement de la douleur chronique