Thèse soutenue

Les lieux dans l’oeuvre de Jean-Marie Gustave Le Clézio
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Auteur / Autrice : Mohamed Daw
Direction : Jean-Michel Wittmann
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures et Civilisations
Date : Soutenance le 23/11/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ECRITURES - Centre de Recherche «écritures» (Metz)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Brucker
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Wittmann, Nicolas Brucker, Béatrice Bloch, Sylvie Freyermuth
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Bloch, Sylvie Freyermuth

Mots clés

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Résumé

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Engager la réflexion sur le thème du lieu dans un roman est très important, mais aussi très difficile, car il se situe souvent à tous les niveaux textuels. C’est pourquoi, lorsqu’on cherche à comprendre une fiction, il ne faut pas se contenter de décrire les lieux abordés ; il importe d’aller au-delà et saisir ce qui organise l’espace et lui confère parfois un rôle de personnage. Autrement dit, le lieu désigné n’est jamais un élément neutre ou insignifiant. Cette évidence apparaît avec force à la lecture de l’œuvre de Le Clézio. Parler des lieux chez l’auteur, c’est alors parler d’un espace complexe, aux dimensions multiples et variées (littéraire, sociologique, politique, philosophique, voire métaphysique) ; c’est, en fait, réfléchir sur les relations que le texte institue entre tous ses éléments et qui contribuent à donner du sens au récit. Sur ce plan, il se dégage de l’écriture leclézienne une récurrence, d’un livre à l’autre, de quelques lieux puisés dans le vécu de l’auteur, portant témoignage d’une époque et décrits d’une manière poétique, parfois avec fureur. Ces lieux peuvent être ramenés à deux espaces essentiels : la ville et l’espace naturel. Ce sont là deux thèmes obsessionnels du romancier-poète que l’on retrouve en parcourant sa production littéraire. Ces deux lieux porteraient en eux une dualité : la nature opposée à la civilisation. Le Clézio est en effet attiré par les vastes étendues, par les espaces immenses et illimités, ces lieux originels, où tout est pur, non usés par la durée du temps et non marqués par l’intervention de l’homme. À ces espaces mythiques s’oppose la civilisation occidentale, incarnée par la société urbaine, une société dépeinte négativement : espace de métal et du ciment, constamment caché derrière la brume, la société urbaine est un lieu de malaise et d’angoisse ; elle représente l’endroit où les hommes sont isolés, enfermés dans leur solitude et privés du contact avec la nature et avec les autres. Cette dichotomie entre deux mondes fait penser qu’il ne peut exister de compromis entre la nature et l’humanité. Or, rien n’est moins sûr. La pensée leclézienne comporte en effet plusieurs niveaux de lecture et soulève de nombreux questionnements : - Est-il vrai que Le Clézio essaye de nous introduire dans un univers scindé en deux : l’un bon et « sauvage », gardant ses liens avec le sacré, les origines, le mythe ; l’autre mauvais et menaçant, illustré par la ville labyrinthe et l’excès de la modernité ? - Assistons-nous plutôt à une approche poétique des lieux ? - Le but de Le Clézio n’est-il pas de peindre sa vision d’un monde, où le « Je » et le « Nous » se rencontrent et se découvrent mutuellement ? - Et si l’œuvre leclézienne ne fait que poser une question existentielle : ne sommes-nous pas qu’une infime partie de la vie régissant le cosmos ? C’est l’objet de ce travail d’apporter un début de réponse à ces interrogations.