Thèse soutenue

Politiques publiques ; esquisse d’une analyse des mécanismes des choix publics face à la globalisation : enjeux politiques et sociaux des relations entre l’État et le groupe ArcelorMittal dans le bassin sidérurgique lorrain de 2012 à 2017
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Auteur / Autrice : William Dannon
Direction : Étienne Criqui
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SJPEG - Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches sur l'évolution de la nation et de l'État (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Dominique Andolfatto
Examinateurs / Examinatrices : Étienne Criqui, Sophie Béroud, Fabienne Greffet, Laurent Olivier, François Rangeon
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Andolfatto, Sophie Béroud

Résumé

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Cette thèse s’intéresse à la fermeture des deux derniers hauts fourneaux de la Lorraine par le sidérurgiste ArcelorMittal. En ce sens, elle se penche sur la lutte ouvrière de Florange et s’attache à comprendre l’incapacité du candidat François Hollande, élu président de la République le 6 mai 2012, à tenir la promesse qu’il a faite aux ouvriers de cette usine d’ArcelorMittal pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Pour ce faire, elle développe une démarche épistémologique qui croise une approche d’analyse cognitive des politiques publiques avec une perspective néo-institutionnaliste. L’intérêt d’une telle démarche est de dépasser l’opposition entre ces deux approches en proposant une articulation entre policy et politics. Il s’agit donc de saisir comment les acteurs impliqués dans cette lutte analysent, interprètent et donnent du sens à leur action, sans pour autant négliger le poids des facteurs politiques et institutionnels ayant structuré le processus décisionnel. Le premier résultat de ce travail révèle que l’émergence du problème social, dont la définition dépend de l’activité de cadrage des acteurs sociaux, est conjointement liée à la formation de l’identité collective des syndicats du site. En d’autres termes, l’émergence du problème social est indissociable de la constitution de l’intersyndicale de Florange. Cette instance collective de lutte est traversée par plusieurs cadres d’action collective dont le plus dominant (master frame) est celui incarné par la CFDT, qui va l’imposer aux autres. Le second résultat montre que les choix effectués par les autorités politiques dans ce dossier reflètent la conception que François Hollande et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault se font de la place et du rôle de l’État sur la scène des politiques publiques. Plus fondamentalement, ces choix s’inscrivent très clairement dans la doctrine néo-libérale défendue au niveau européen et qui, routinisée depuis des décennies comme pratique et manière de faire au sein de l’Union, est devenue une matrice cognitive et normative encadrant le comportement des États au niveau national. Ce constat permet d’expliquer la difficulté d’un changement de politique publique dans cette affaire. Plus concrètement, l’incapacité de François Hollande à sauvegarder les hauts fourneaux de Florange s’explique par les contraintes institutionnelles de « dépendance au sentier » (path dependence) exercées par le cadre institutionnel européen sur les choix publics effectués au niveau domestique. Toutefois, cette décision publique est empreinte d’un certain pragmatisme politique qui s’explique par la crainte de la réaction des investisseurs ; c’est-à-dire du marché en cas de nationalisation temporaire du site par l’État.