Thèse soutenue

À la croisée des voies, ou comment produire des furocoumarines ~ De la caractérisation de P450s à l’évolution de la voie des furocoumarines et au développement d’outils permettant l’étude du coût métabolique des furocoumarines

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Auteur / Autrice : Cloé Villard
Direction : Alain HehnRomain Larbat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire agronomie et environnement (Vandoeuvre-lès-Nancy)
Jury : Président / Présidente : Catherine Humeau-Virot
Examinateurs / Examinatrices : Alain Hehn, Romain Larbat, Nathalie Guivarc'h, Hugues Renault, Sylvie Baudino
Rapporteur / Rapporteuse : Nathalie Guivarc'h, Hugues Renault

Résumé

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Au cours de l’évolution, les plantes ont développé de nombreux mécanismes de défense contre les stress biotiques, telles que la production de métabolites secondaires variés. Par exemple, certaines espèces comme le figuier (Ficus carica) produisent des molécules toxiques appelées furocoumarines. A l’heure où l’utilisation des pesticides est de plus en plus restreinte, comprendre les mécanismes naturels de défense des plantes devient de plus en plus important pour imaginer des méthodes de protection alternatives et repenser la gestion de nos cultures. Le premier objectif de ce projet consistait à poursuivre l’élucidation moléculaire de la voie de biosynthèse des furocoumarines ainsi qu’à mieux comprendre son évolution, à travers la caractérisation de nouveaux gènes de F. carica. Le second objectif consistait à évaluer le coût métabolique de la production de furocoumarines, en insérant la voie associée dans le génome de la tomate (Solanum lycopersicum), une plante qui, naturellement, ne produit pas ces molécules. Pour identifier de nouveaux gènes impliqués dans la synthèse de furocoumarines, nous avons combiné des approches de transcriptomique et de métabolomique : nous avons identifié des candidats dans une banque différentielle d’ARNseq de F. carica, avons cloné leurs séquences codantes, les avons exprimés dans un système hétérologue, et avons mené des tests d’activité enzymatiques. Nous avons ainsi identifié trois enzymes possédant des activités originales. Parmi elles, CYP76F112 joue un rôle clé dans la synthèse de furocoumarines, en convertissant la déméthylsubérosine en marmésine. Une analyse phylogénétique de gènes a été réalisée, suggérant fortement que CYP76F112 a évolué récemment dans un taxon restreint de Moracées, via une expansion de CYP76Fs. Des approches de modélisation et de mutagenèse dirigée ont également permis d’identifier quatre acides aminés impactant la spécificité et l’affinité de CYP76F112. Ces acides aminés semblent eux aussi avoir évolué récemment, et leur évolution a certainement été critique pour l’apparition de l’activité marmésine synthase. Ainsi, CYP76F112 améliore significativement notre compréhension de la production de furocoumarines dans le règne végétal, dans la mesure où son apparition récente supporte l’hypothèse selon laquelle les furocoumarines seraient apparues par évolution convergente dans des familles de plantes éloignées. De plus, CYP76F112 complète le jeu de quatre enzymes permettant la synthèse de psoralène (une furocoumarine toxique) à partir d’acide coumarique (un composé commun), ce qui ouvre de nouveaux horizons quant à l’utilisation des furocoumarines dans l’étude de la défense des plantes. Par exemple, en générant des tomates productrices de psoralène, il est désormais possible d’évaluer le coût métabolique et les bénéfices défensifs liés à la production de psoralène, ce qui pourrait conduire à une meilleure compréhension des compromis croissance-défense. En conséquence, nous avons utilisé la technique de clonage multigénique du GoldenBraid pour construire un plasmide portant les 4 gènes de la voie de biosynthèse du psoralène. En utilisant des techniques de transgenèse et de culture in vitro, nous avons utilisé ce plasmide pour initier des transformations de plantes, dont le but était de générer des tomates productrices de psoralène. Ces transformations n’ont pas été concluantes, mais notre étude constitue un travail pionnier qui sera poursuivi. En particulier, il a mené à l’identification de failles dans notre stratégie initiale, ainsi qu’à l’établissement de recommandations essentielles pour dépasser ces limites.