Se raconter sans se trahir : l'autonarration à l'écrit et à l'écran
| Auteur / Autrice : | Eloïse Delsart |
| Direction : | Jean-Michel Devésa |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Sciences humaines et humanités |
| Date : | Soutenance le 18/12/2020 |
| Etablissement(s) : | Limoges |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités (Poitiers ; 2018-....) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Espaces Humains et Interactions Culturelles |
| Jury : | Président / Présidente : Geneviève Fraisse |
| Examinateurs / Examinatrices : Frédérique Toudoire-Surlapierre, Iris Brey | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Anne Paveau, Geneviève Sellier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le cinéma s’est, dès ses origines, heurté à la question du réel. La caméra, en tant que machine à enregistrer, s’est présentée comme une opportunité de retranscrire une forme de vérité, épurée de tous les différents filtres qui faisaient obstacle à la représentation des « choses telles qu’elles sont ». Pourtant, l’image filmée, comme tout énoncé linguistique, ne peut échapper aux multiples trahisons de la vérité qui ne peuvent faire d’elle qu’une construction, même dans son dispositif le plus élémentaire. Outre la question du réel et son axe véritatif, le cinéma n’a jamais cessé de se confronter à de nouvelles trahisons : la trahison de classe (les frères Lumière), la trahison de genre (le male gaze), la trahison politique (Godard) et la trahison spectatorielle. Faisant état de l’ensemble de ces trahisons, cette thèse s’interroge sur les formes de l’autonarration dans ses allers-retours de l’écran à l’écrit et les multiples avatars du moi. Comment se raconter sans se trahir, du moins le moins possible ? Le documentaire est-il plus fidèle au réel que la fiction ? Faut-il dire « je » pour se raconter ? Que devient « je » une fois à l’écran ? Quelle est la valeur d’un « je » féminin face à un « je » masculin ? S’écrit-on plus sincèrement qu’on ne se filme ? L’auto-incarnation à l’écran est-elle gage de vérité ? Afin d’apporter des pistes de réponses, cette thèse propose une exploration transmédiale d’œuvres d’auteur.ices qui n’ont cessé de placer l’enjeu biographique au cœur de leur travail : Cyril Collard, d’abord, qui s’est écrit, filmé, chanté, a fait sacrifice de sa chair à l’écran jusqu’à sa mort médiatique ; Eva Ionesco ensuite, qui s’est d’abord filmée avant de s’écrire, faisant du trauma de l’enfance le point de départ narratif de l’ensemble de son œuvre ; et Julie Maroh à qui nous réservons un traitement particulier puisque la dimension autofictionnelle de ses romans graphiques n’a jamais été clairement revendiquée. Néanmoins, Maroh, dans sa pratique d’autrice-illustratrice se situe dans un entre-deux-mondes, où le roman porte en lui la marque d’une volonté cinématographique. Nous démontrerons que le roman graphique, en tant que scénarimage, constitue une forme de propédeutique à la pratique cinématographique. Et qu’il peut être le lieu d’une expression sincère affranchie des contraintes tant de la défaillance des langues que de la trahison filmique.