Thèse soutenue

Corticothérapie postnatale et dysplasie bronchopulmonaire chez le grand prématuré en Europe : étude de cohorte EPICE

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Auteur / Autrice : Alexandra Nuytten
Direction : Patrick Truffert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences biologiques, médecine et chirurgie buccales
Date : Soutenance le 06/10/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes et de Recherche en Informatique Médicale (Lille) - Evaluation des technologies de santé et des pratiques médicales - ULR 2694
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jennifer Zeitlin, Alain Duhamel
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Christophe Rozé, Géraldine Gascoin-Lachambre

Résumé

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Contexte : La Dysplasie bronchopulmonaire (DBP) est la principale morbidité respiratoire chez l’enfant né grand prématuré. La corticothérapie postnatale (CPN) est une thérapeutique utilisée pour limiter la survenue de DBP, mais les types de corticoïdes utilisés sont variés, et n’ont pas tous les mêmes effets connus ou démontrés. Par ailleurs, ils sont pourvoyeurs d’effets indésirables à court terme, tels que l’hypertension artérielle, l’hyperglycémie, la perforation digestive. A long terme, les inquiétudes portent sur le risque neurodéveloppemental, avec un risque accru de paralysie cérébrale chez les enfants traités par dexaméthasone.Objectifs :Les objectifs de notre travail étaient les suivants :- Décrire les taux de DBP en Europe chez les grands prématurés les plus à risque- Décrire les modalités de prescription de la CPN et en explorer les déterminants- Évaluer les conséquences d’une politique de réduction d’utilisation de la CPN sur les taux de DBP.Méthode : Nous avons inclus tous les enfants nés entre 24SA et 29SA+6 jours pris en charge dans les unités de soins participants à la cohorte EPICE dans 19 régions de 11 pays d’Europe.D’abord, nous avons décrit l’utilisation de la corticothérapie postnatale en Europe, et recherché les facteurs périnataux associés à cette prescription, par régression logistique. Nous avons étudié l’usage de CPN dans les unités de soins, en fonction de leur politique d’usage, grâce à un modèle hiérarchique mixte.Dans un second temps, nous avions recherché s’il était possible d’avoir à la fois un usage restreint de CPN et un taux bas de DBP. Pour cela, nous avons réalisé une classification hiérarchique des unités de soins en fonction de leur taux de DBP et de CPN. Nous avons recherché des pratiques pouvant expliquer les différents clusters observés.Nous avons également étudié plus directement le lien entre la politique d’usage de CPN, et la survenue de dysplasie bronchopulmonaire, grâce à un modèle hiérarchique mixte.Résultats : Parmi les 4096 enfants inclus dans notre étude, 13,9% recevaient une CPN systémique à visée respiratoire. Cette utilisation variait en fonction des régions, de 3,1% dans le Nord du Portugal, à 49,4% en Saarland, Allemagne. Parmi les 3504 enfants vivants à 36 semaines d’âge corrigé, 26,5% avaient une DBP, avec un taux variant de 12,1% dans la région de Lazio en Italie, à 47,3% dans la région du Nord du Royaume Unis.Le petit âge gestationnel, le sexe masculin, le petit poids pour l’âge gestationnel, la ventilation mécanique, et le recours à un traitement médical pour le canal artériel étaient significativement associés à l’utilisation de CPN. Par ailleurs, l’usage de CPN était moindre dans les unités de soins avec une politique d’usage restreint de CPN, même chez les enfants les plus à risque d’en recevoir (OR= 0,27 IC95% [0,17 -0,51]).Nous avons identifié 3 clusters d’unités de soin en fonction de leur taux d’utilisation de CPN et de DBP, parmi lesquels un cluster d’unités qui parvenaient à un taux restreint combiné de CPN et de DBP. Nous avons montré que la mortalité n’était pas différente entre les 3 clusters (p=0,88). En revanche, les unités qui parviennent à un moindre taux de DBP sans un usage important de CPN sont également des unités qui favorisent une prise en charge respiratoire initiale moins agressive, telle la prise en charge initiale par CPAP (45,3%, versus 28,1% et 34,5% dans les 2 autres clusters, p=0,016).Enfin, nous avons montré qu’une politique restrictive de CPN n’était pas associée à un risque accru de DBP (OR=0.68, IC95% [0.45-1.03], p=0.07).Conclusion : Ces résultats montrent que l’utilisation de la CPN est hétérogène en Europe, et ne repose pas uniquement sur les caractéristiques néonatales. Les politiques d’utilisation de CPN ont un rôle à jouer, avec notamment le développement de pratiques de prise en charge respiratoire moins invasives, pour éviter le recours à une CPN sans pour autant augmenter le risque de mortalité ou de DBP.