Thèse soutenue

Étude du réseau de saillance dans la survenue des expériences intrusives dans la schizophrénie et le psychotrauma

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Auteur / Autrice : Arnaud Leroy
Direction : Renaud JardriGuillaume Vaiva
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 04/12/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lille Neuroscience et Cognition (Lille) - Lille Neurosciences & Cognition - U 1172
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Renaud Jardri, Guillaume Vaiva, Josselin Houenou, Wissam El-Hage, Marie-Odile Krebs, Sonia Dollfus
Rapporteurs / Rapporteuses : Josselin Houenou, Wissam El-Hage

Résumé

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Les êtres humains doivent être capables d’intégrer de nombreux stimuli perceptifs mais également de filtrer en priorité les seules informations dignes d’intérêt. Ces stimuli sont priorisés en fonction de leur saillance. Le réseau cérébral de la saillance est composé de l’insula antérieure, du cortex cingulaire antérieur dorsal, de l’amygdale, du striatum ventral, et de la substance noire/aire tegmentale ventrale. Ce réseau focalise l’attention et facilite l’accès à la mémoire de travail une fois qu’un évènement saillant est détecté. Le réseau de saillance joue ainsi un rôle crucial dans la balance cognitive entre stimuli externes et processus mentaux internes. De nombreuses études ont démontré l’existence de liens entre ce réseau et le stress. De même, le réseau de saillance a été impliqué dans de nombreuses pathologies psychiatriques ou neurologiques, dont la démence fronto-temporale, les troubles de l’humeur et anxieux, la schizophrénie, les addictions ou encore la douleur. Plus spécifiquement, une implication du réseau de saillance dans les expériences intrusives a été suggérée, notamment au cours des hallucinations dans la schizophrénie, et potentiellement lors des reviviscences post-traumatiques dans le trouble de stress post-traumatique. L’objectif de ce travail de thèse était d’étudier plus précisément le rôle du réseau de saillance dans les phénomènes intrusifs dans ces deux pathologies. Une première partie est consacrée à l’étude des hallucinations dans la schizophrénie, et une seconde porte sur l’étude des reviviscences post-traumatiques dans le trouble de stress post-traumatique. Nous avons tout d’abord étudié les bases neurales de la saillance dans la schizophrénie, en réalisant une méta-analyse basée sur les coordonnées fonctionnelles (en imagerie par résonance magnétique) d’études se focalisant sur les processus de récompense. Nous avons ainsi montré que l’hypoactivation du striatum ventral retrouvée chez les patients souffrant de schizophrénie lors de ces tâches était corrélée aux symptômes positifs du trouble. Plusieurs études ‘trait’ et ‘état’ ont proposé que le réseau de saillance puisse jouer un rôle modulateur dans les expériences hallucinatoires. Dans une deuxième étude, nous avons donc validé une méthode de capture hallucinatoire à même de comparer le décours temporel des aires hyperactivées dans ces expériences, avec celui des différents réseaux fonctionnels de repos, étape indispensable pour la mesure dynamique du réseau de saillance dans ces phénomènes. Enfin, dans une troisième étude, nous avons étudié le rôle joué par le réseau de saillance, et en particulier de l’insula antérieure, dans la réponse au traitement dans le trouble de stress post-traumatique. En effet, les bases neurales de la réponse au traitement sont encore peu connues, notamment via des mesures de connectivité effective. Nous avons ainsi pu montrer l’importance du rôle modulateur de l’insula antérieure dans la diminution des reviviscences post-traumatiques. Ces résultats laissent entrevoir plusieurs applications concrètes en psychiatrie. En particulier, l’amélioration des connaissances physiopathologiques des phénomènes intrusifs, à la fois dans la schizophrénie et le trouble de stress post-traumatique, avec la perspective de développer des méthodes de capture des reviviscences post-traumatiques sur le modèle de la capture hallucinatoire, ouvre des possibilités d’avancées dans le champ de la médecine personnalisée dans ces deux pathologies.