Thèse soutenue

Comment cohabiter avec les non-humains en milieu anthropisé ? : Cas du Castor d’Europe (Castor fiber) sur le bassin versant de la Moselle (France)

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Auteur / Autrice : Bénédicte Felter
Direction : Alain LeprêtreNina-Coralie HautekeeteRichard RaymondYves Piquot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de l'environnement, des organismes, des populations, écologie
Date : Soutenance le 30/09/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Evolution, Ecologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paléo)

Résumé

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Le retour de la faune sauvage en Europe, se heurte à la question du partage d’un espace modelé par et pour les activités humaines. Cette thèse tente de définir les conditions de la cohabitation entre humains et animaux sauvages dans le cas d’un méso-herbivore protégé et réintroduit dans la majorité des pays européens : le Castor d’Europe (Castor fiber). Cette espèce, appréciée du grand public, a la capacité de modifier profondément son milieu de vie et d’affecter significativement les activités humaines. Outre le modèle d’analyse étudié, l’originalité de cette thèse tient dans l’articulation entre enquêtes qualitatives et traitement quantitatif. Notre démarche vise à identifier les facteurs déterminant la réussite d’une cohabitation entre les humains et les animaux à partir d’une démarche inductive menée dans la partie française du bassin versant de la Moselle, où le castor a été réintroduit en 1983. Ainsi, des enquêtes par entretiens semi-directifs et par questionnaire nous éclairent sur les variables permettant de décrire et d’analyser les contextes dans lesquels se déroule la cohabitation humains-castors : conditions d’interaction, mise en place de pratiques humaines néfastes pour le castor, et efficacité de la gestion actuelle des conflits Humains-Castors sur ce territoire. Cette recherche souligne le caractère évolutif, dans le temps et l’espace, de la cohabitation humain-castor. Celle-ci est notamment influencée par la dynamique de la population de castors et sa stratégie de colonisation des milieux. Après la réintroduction, les castors colonisent dans un premier temps les milieux situés sur le cours d’eau principal et les habitats de bonne qualité (niveau d’eau relativement stable et élevé, et une abondance de Salicacées). Dans un second temps, les individus s’installent sur les petits cours d’eau non canalisés qu’ils aménagent, affectant alors les activités humaines et favorisant l’apparition de conflits. Nous démontrons via des SEM (Structural Equation Modeling) que la tolérance des acteurs à l’égard du castor est une variable explicative importante des pratiques humaines dirigées vers le Castor. Il est possible d’établir la probabilité d’un passage à l’acte d’un acteur, et la nature négative de ces actions. En revanche, le modèle ne permet pas la prédiction des actions illégales.La gestion du Castor d’Europe sur le bassin versant de la Moselle mobilise une grande diversité d’acteurs, en raison de la diversité des habitats colonisés par le Castor, des impacts de ses activités sur les écosystèmes et sur les activités anthropiques, et de la réglementation stricte dont bénéficie cette espèce. Le réseau des acteurs impliqués dans cohabitation humains-Castor n’est pas structuré autour de sous-groupes cohésifs, habituellement révélateurs de conflits importants qui opposent des groupes aux opinions et aux intérêts divergents. Néanmoins, certains acteurs occupent une place centrale au sein de ce réseau par ailleurs territorialisé à l’échelle départementale. Ces acteurs jouent le rôle de traducteurs des enjeux de conservation dans les sociétés humaines locales. L’accompagnement technique et financier des acteurs pour limiter les nuisances, sensibiliser et provoquer des expériences positives via l’observation de l’animal sont des pistes à favoriser pour permettre une cohabitation réussie sur les territoires européens très anthropisés.