Thèse soutenue

Parcours de soins d’enfants "roms" : Enquête ethnographique dans un bidonville

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Auteur / Autrice : Julie Montoya
Direction : Bernadette Tillard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 15/06/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)

Mots clés

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Résumé

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Cette recherche porte sur les soins de santé d’enfants et d’adolescents « roms » vivant en bidonville dans le Pas-de-Calais (France). Elle s’attache à rendre compte de leurs parcours de soins et de la place particulière occupée par leurs mères et les bénévoles d’une organisation humanitaire, Médecins du Monde. Dans cette perspective, nous considérons le soin apporté à ces enfants sous l’angle de l’exclusion. Malgré des dispositifs pour favoriser l’accès aux soins des patients « exclus », le terrain a montré les difficultés des familles « roms » à y accéder. La médiation en santé mise en œuvre par de Médecins du Monde vient alors pallier ces manques. A partir d’une enquête ethnographique de 22 mois, nous avons suivi des parcours de soins d’enfants et d’adolescents « roms » en cherchant à comprendre ce qu’ils nous disent sur le système de soins français, et sur l’intervention humanitaire en France. Notre thèse met en évidence les étapes institutionnalisées de trois trajectoires de soins dans le bidonville, en médecine de ville et à l’hôpital. La complexité de certaines procédures, comme le dispositif PASS à l’hôpital, ne garantit pas un accès aux soins équitable. Les interstices de ces trajectoires, que sont les trajets et les salles d’attente, fournissent des éléments sur la socialisation des enfants du bidonville et de leurs mères. Se rendre dans une structure de soins incarne une rencontre, ce qui amène à considérer le soin comme une activité de restauration du lien social.Les trajectoires de soins mettent également en avant le rôle des bénévoles de Médecins du Monde. Ces derniers élaborent des activités de médiation en santé qui diffèrent selon leur socialisation et leurs représentations du travail bénévole. De leur côté, les mères mettent en place des tactiques afin d’opérer un choix parmi les médiateurs et leurs méthodes, ce qui atteste d’une utilisation pragmatique de l’activité. Enfin, les soins de santé prodigués aux enfants par leurs mères et Médecins du Monde témoignent d’une prise en charge spécifique avec un amoindrissement du soin au fil de l’avancée en âge. Alors que les acteurs accordent une attention importante à la santé des bébés et des petits enfants, le soin s’estompe durant l’enfance, en particulier pour les garçons. Le passage progressif à l’adolescence met en évidence un soin différencié selon le sexe qui se polarise autour des soins gynécologiques et obstétriques pour les filles, tandis que les garçons, jugés virils et autonomes, n’utilisent pas les dispositifs de soins proposés par Médecins du Monde.A l’issue de ce travail, les parcours de soins questionnent l’accès aux soins des patients démunis et étrangers ainsi que le travail humanitaire. Ils mettent également en avant la place de deux acteurs centraux de la thèse : les mères et leur implication dans les parcours de soins ; les enfants et ce que leur apportent ces parcours de soins dans un contexte d’exclusion sociale.