Les bricolages mobiles et numériques des jeunes de banlieue : de l’hybridation des ressources dans les trajectoires vers l’emploi
Auteur / Autrice : | Hélène-Marie Juteau |
Direction : | Christian Licoppe, Dana Diminescu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 16/12/2020 |
Etablissement(s) : | Institut polytechnique de Paris |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris |
Partenaire(s) de recherche : | Etablissement opérateur d'inscription : Télécom Paris (Palaiseau, Essonne ; 1878-....) |
Laboratoire : Institut interdisciplinaire de l'innovation (Paris ; 2012-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Kaufmann |
Examinateurs / Examinatrices : Christian Licoppe, Dana Diminescu, Vincent Kaufmann, Rachel Thomas, Michel Hubert, Béatrice Cahour, Anne Jarrigeon | |
Rapporteur / Rapporteuse : Rachel Thomas, Michel Hubert |
Mots clés
Résumé
Cette thèse est consacrée aux hybridations des pratiques mobiles et numériques de jeunes de banlieue en insertion sociale et professionnelle. Il repose sur une enquête vidéo-ethnographique menée auprès de jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, inscrits dans les missions locales de Saint-Denis, Villeurbanne et Marseille. Pour capturer et observer la manière dont les acteurs intègrent les technologies numériques au cours de déplacements réalisés pour la première fois, nous avons accompagné quarante-deux jeunes lors de trajets d’insertion en utilisant la technique du parcours commenté filmé par des lunettes caméra. Au cours de ces trajets inhabituels, l’activité de wayfinding prend une place centrale. Dans une perspective praxéologique, basée sur l’analyse détaillée de la combinaison des informations utiles aux déplacements, notre travail remet en cause l’idée selon laquelle les jeunes de quartiers populaires seraient moins capables de se déplacer que d’autres et que leurs pratiques numériques seraient restreintes aux problématiques d’inégalités numériques. Nous démontrons que pour mener à bien un déplacement, ces jeunes adultes produisent de multiples bricolages articulés autour de ressources spatiales coprésentes, de ressources interactionnelles et de ressources médiées par les technologies numériques. Ces articulations produisent des hybridations différentes. En exposant les habiletés de ces acteurs, la thèse révèle les épreuves situationnelles et existentielles du déplacement, qui reposent sur la capacité des jeunes à élaborer un nouveau trajet et sur leur situation socio-professionnelle compliquée. Le sens du déplacement donné par l’acteur est central pour saisir ses manières de faire. Les habiletés mobiles et numériques de l’acteur ne sont compréhensibles qu’en étant situées dans leurs contextes d’apparition, dans des pratiques et dans des projets de déplacement. C’est pourquoi les hybridations produites par notre analyse restituent ces habiletés en préservant le déroulement et la signification des déplacements.