Thèse soutenue

Essais sur les fonctions de production des entreprises, leurs taux de marge et la part du travail dans leur valeur ajoutée

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Auteur / Autrice : Arthur Bauer
Direction : Francis Kramarz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/11/2020
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Economie et Statistique (Palaiseau ; 1993-....)
établissement opérateur d'inscription : École nationale de la statistique et de l'administration économique (Palaiseau ; 1960-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Méjean
Examinateurs / Examinatrices : Francis Kramarz, Isabelle Méjean, Frederic Warzynski, Thierry Mayer, Chiara Criscuolo, Oskar Nordström Skans
Rapporteur / Rapporteuse : Frederic Warzynski, Thierry Mayer

Résumé

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La fonction de production des entreprises lie leur niveau de production à leurs dépenses en facteurs de production. Son estimation est à la fois importante et peu fiable. Importante, parce que des indicateurs clés pour la conception des politiques publiques, tels que le taux de marge, en découlent. Peu fiable, car elle repose sur des hypothèses d'identification.Ce projet étudie les hypothèses qui sous-tendent l'estimation des fonctions de production : à la fois leurs formes fonctionnelles et la flexibilité des facteurs de production. Il s'appuie ensuite sur une estimations des fonctions de production des entreprises françaises, pour évaluer l'évolution de leur taux de marge et de la part du travail dans leur valeur ajoutée au cours des 30 dernières années.Le chapitre 1 conforte l'hypothèse de flexibilité des facteurs de production: l'ajustement instantané des matières premières ou du travail et l'ajustement retardé du capital. Nous nous appuyons sur l'existence de notches ; des valeurs où les bénéfices après impôt diminuent avec le chiffre d’affaire avant impôt dans le code des impôts français.Nous montrons que les entreprises qui optimisent ont une plus grande élasticité de production par rapport aux matières premières et une plus faible élasticité de la production par rapport au capital. De même, pour ajuster leur production, les entreprises ont tendance à réduire principalement leurs dépenses en matières premières.Le chapitre 2 s’appuie sur le résultat du chapitre 1 pour mesurer le taux de marge de toutes les entreprises françaises entre 1984-2016. De Loecker et Warzynski (2012) montrent que la marge d'une entreprise est proportionnelle à l'inverse de la part de revenu de l'un de ses intrants flexibles. Nous analysons l'évolution des marges agrégées en France et documentons que l'augmentation de la concentration est corrélée à une réallocation des parts de marché vers les entreprises à marge élevée. Nous montrons également que l'évolution de la part du travail reflète l'évolution des marges : la réallocation tend à diminuer la part du travail tandis qu'au sein des entreprises, la part du travail augmente.Le choix d'une forme fonctionnelle pour décrire le processus de production est un compromis entre théorie et empirisme. La fonction de production standard est de type Cobb-Douglas mais impose une élasticité de substitution constante et égale à 1, en contradiction avec la littérature empirique. Les fonctions de production CES ont des élasticités de substitution non unitaires mais constantes au sein de chaque industrie et un ratio d'utilisation des facteurs de production indépendant de la taille de l'entreprise.Le chapitre 3 montre que cette dernière fonction de production ne rend pas compte de l'utilisation des technologies de l’information (TIC), puisque nous documentons une augmentation de la demande relative de TIC avec la taille des entreprises: en cohérence avec une fonction de production CES non-homothétique. Nous analysons ensuite comment l'interaction de la baisse des prix des TIC et les caractéristiques non-homothétiques des TIC rationalisent les faits empiriques documentés dans le chapitre 2. (i) comme les grandes entreprises sont plus intensives en TIC, elles bénéficient de manière disproportionnée de la baisse des prix des TIC, ce qui rationalise l'augmentation de la concentration. (ii) comme les grandes entreprises sont plus intensives en TIC dans l'échantillon, elles fonctionnent avec des rendements d'échelle plus faibles et ont donc des parts de bénéfices plus élevées et des parts de travail plus faibles. Cela explique comment l'augmentation de la concentration entraîne une diminution de la part globale du travail. (iii) les statistiques comparatives du modèle prédisent que l’adoption de TIC liée à la baisse de leur prix implique des rendements d'échelle plus élevés et ont donc une part de travail plus importante, ce qui explique la tendance haussière de la part du travail au sein des entreprises.