Le concept de services écosystémiques peut-il faciliter la transition agroécologique dans l'Amazonie brésilienne ? Résultats d’une approche de recherche par méthodes mixtes à Irituia et Paragominas, dans l'État du Pará
Auteur / Autrice : | Antônio Gabriel Lima resque |
Direction : | Christophe Le Page |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Agro-écologie |
Date : | Soutenance le 18/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Gestion des ressources renouvelables et environnement - AgroParisTech (France ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Krishna Naudin |
Examinateurs / Examinatrices : Krishna Naudin, Catia Grisa, Philippe Méral, Martine Antona, Joice Ferreira | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Catia Grisa, Philippe Méral |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La proposition d'un modèle de développement qui concilie la conservation de l'environnement, en particulier des ressources forestières, et le développement socio-économique reste un défi à relever globalement, en particulier dans la région amazonienne. En raison de son ampleur, une attention particulière est portée à la portion brésilienne de l'Amazonie et plus précisément à ses différentes formes d’agriculture en raison de leur importance socio-économique et de leur potentiel d'altération des écosystèmes et des services écosystémiques (SE). Dans ce contexte, l’agriculture familiale apparaît incontournable pour promouvoir le développement rural durable. Malgré son importance, les acteurs locaux qui soutiennent les exploitations agricoles familiales sont confrontés à de nombreux défis pour promouvoir la transition agroécologique. La question générale de cette thèse est : Comment le cadre conceptuel des SE peut-il servir de base cognitive et opérationnelle pour soutenir la transition agroécologique ? Nous examinons deux municipalités contrastées situées dans la partie orientale de l'Amazonie brésilienne : Irituia, dont le secteur agricole est dominé par une agriculture familiale qui se tourne vers la biodiversification ; et Paragominas, qui présente une prédominance de l'agriculture industrielle à grande échelle, qui coexiste avec l'agriculture familiale. Nous avons adopté une perspective multi-acteurs, impliquant une diversité d'acteurs locaux (e.g., des décideurs politiques, des chercheurs, des agents de vulgarisation rurale, des agriculteurs). Nous avons implémenté une « approche de méthodes mixtes » combinant des méthodologies qualitatives, telles que des entretiens semi-directifs et l'observation participante, avec des méthodologies semi-quantitatives telles que des questionnaires et un jeu de rôles. Nous avons d'abord cherché à comprendre la perception qu'ont les acteurs locaux sur la coproduction des SE. Une diversité de SE est perçue par ces acteurs locaux. La perception des SE et de leur processus de coproduction diffère sensiblement selon le type d'activité exercée par les acteurs et leur municipalité. Nous montrons également comment la nature de leurs connaissances (plus scientifique ou empirique) joue sur leur manière de percevoir les SE. Nous avons par ailleurs cherché à comprendre l'importance de ces perceptions dans le processus de prise de décision sur l'utilisation des terres en étudiant l’influence sur ce processus de décision de certains facteurs contextuels externes à l’agroécosystème (notamment les marchés institutionnels) et internes (e.g., la main-d'œuvre, les coûts, les aspects cognitifs). Nous avons constaté que la réussite de la valorisation de l'agrobiodiversité au moyen de marchés institutionnels dépend de la manière dont ils sont administrés au niveau municipal. Des facteurs internes à l'exploitation, tels que le travail, les revenus, les valeurs, influencent également ce processus de prise de décision. Finalement, nous avons cherché à comprendre comment les connaissances générées lors des étapes précédentes pouvaient contribuer à rendre opérationnelle la transition agroécologique dans les sites d’étude. Ces connaissances ont contribué à révéler les attentes et les facteurs qui motivent les actions des acteurs locaux relatives à la gestion de l'utilisation des terres. Elles ont été obtenues par et utilisées pour alimenter des outils méthodologiques visant à soutenir la transition agroécologique. Au final, nous avançons que le cadre conceptuel de la coproduction des SE permet d’aller au-delà de l'exploration des éléments corrélés à la gestion des agroécosystèmes. Il constitue également un outil pertinent pour stimuler la communication sur le sujet entre les différents acteurs. La compréhension des mécanismes qui soutiennent la coproduction des SE et le partage des différentes connaissances et perceptions associées éveillent une prise de conscience collective en faveur de la transition agro-écologique