La fabrique des paysages et des savoir-faire agroforestiers dans le bassin francilien : acteurs, processus et projets
Auteur / Autrice : | Clémence Bardaine |
Direction : | Patrick Moquay |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du paysage |
Date : | Soutenance le 15/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Recherche de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage (LAREP ; Versailles Marseille) - AgroParisTech (France ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marc Benoît |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Benoît, Monique Poulot, Roland Vidal, Claire Lamine, Bernard Davasse | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Monique Poulot |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Face à la crise environnementale et climatique, les pratiques basées sur la gestion des processus écologiques ouvrent un nouvel horizon pour l’agriculture. L’enjeu actuel de l’agroforesterie basée sur les associations d’arbres, de cultures et d’élevage, n’est plus limité à la seule production, mais touche aussi à la durabilité́ de cette production, à la résilience du milieu cultivé vis-à-vis des aléas climatiques, à la fourniture des services écosystémiques et à la création de nouveaux « terroirs ». Il s’agit de concrétiser sa multifonctionnalité́ et son inscription dans le long terme. Or, ces pratiques agroécologiques ne peuvent pas résulter d’une pure application de recettes techniques ; elles se développent avec les caractères propres de chaque milieu accompagné par chaque agriculteur. L’entrée par les connaissances naturalistes et agroécologiques des agriculteurs, et par ce que l’on nomme paysage, peut-elle devenir un vecteur de transmission des pratiques agroforestières essentiellement par effet de voisinage et par apprentissage collectif ? Une étude critique des modalités et des dispositifs d’apprentissage, de transmission et d’accompagnement des pratiques agroforestières du Bassin francilien est menée à travers une démarche ethnopaysagère et géographique et par la sociologie pragmatique. Les récits des trajectoires agroforestières et en agriculture biologique ou de conservation des sols sont retracés à travers l’enquête ethnographique auprès d’agriculteurs et la collecte documentaire de terrain (photographies, dessins d’agriculteurs, plans de projets). Une typologie des différentes formes de paysages agroforestiers (linéaires d’arbres intra-parcellaire, complantés parfois d’une strate arbustive, maillage de haies champêtres, etc.) et la gamme des savoirs écologiques et de diversification qui y sont associés, est proposée. En regard, la méfiance envers les arbres chez certains agriculteurs de conservation des sols est identifiée. Dans un deuxième temps, l’enquête sur les modalités d’accompagnement par les parties prenantes du développement territorial (agriculteurs, propriétaires fonciers, agents des parcs naturels régionaux et des communautés de communes, vulgarisateurs), éclaire les conflits et les alliances entre acteurs territoriaux. Les outils et les processus d’apprentissage collectif de cette université agroforestière du dehors sont mis en évidence à travers les chroniques des ateliers de collectifs d’agriculteurs et des projets de recherche-participative autour du patrimoine de semences et de ligneux adaptés localement (enquête écologique, index-botanique, lecture et design paysager, ateliers de projets et de taille, sélection participative). Ce travail propose une synthèse des freins (le temps long, le manque de références locales et de savoir-faire de gestion, l’arbre dans le bail rural) et des conditions de transmission des pratiques agroforestières (implication des pionniers dans un groupe de pratiques, approche par l’expérience, implication des acteurs territoriaux). Celles-ci s’articulent entre différentes échelles : de la parcelle à la plaine, jusqu’à la communauté d’acteurs du « grand paysage ». Enfin, cette thèse identifie un ensemble d’expériences patrimoniales du vivant qui, à travers les bénéfices agro-écosystémiques et les filières alimentaires issus de ces nouveaux paysages agricoles, pourrait devenir le socle d’un projet local garant de la durabilité environnementale, sociale et économique du territoire.