Thèse soutenue

Rôle de YTHDC1, lecteur nucléaire de la modification N6-méthyladénosine (m6A), dans la régulation de la réponse cellulaire au stress thermique

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Auteur / Autrice : Kalina Timcheva
Direction : André VerdelDaphné Seigneurin-Berny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire
Date : Soutenance le 30/09/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Pierre Hainaut
Examinateurs / Examinatrices : André Verdel, Daphné Seigneurin-Berny, Ramesh Pillai
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Mezger-Lallemand, Bertrand Séraphin

Résumé

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Au fil des années, de nombreuses études ont mis en évidence la capacité fascinante de la réponse au stress thermique à agir sur le génome et à contrôler de façon transitoire le protéome de la cellule afin de préserver la viabilité cellulaire dans un contexte environnemental défavorable. Néanmoins, la mise en œuvre et l'orchestration de cette réponse cellulaire cachent encore aujourd'hui des mystères. L'implication de la N6-méthyladénosine (m6A) - la modification interne de l'ARN la plus abondante - dans la régulation de l'expression des gènes en réponse au stress a été récemment découverte. Cependant, son importance, les fonctions associées et les mécanismes impliqués restent pas ou mal caractérisés.Au cours de ma thèse, j'ai étudié le rôle de la protéine YTHDC1, le principal lecteur nucléaire connu de m6A, dans la voie conservée de réponse cellulaire au choc thermique. Par conséquent, mon travail est à la croisée de deux axes de recherche principaux : le domaine émergent de l'épitranscriptome et le domaine déjà largement étudié de la biologie du stress. Lors de ce travail thèse, nous avons pu identifier le rôle central joué par YTHDC1, et par extension la signalisation m6A, dans la régulation de la réponse au stress thermique dans les cellules humaines. Tout d'abord, nous avons démontré que pendant la période de récupération, qui suit le choc thermique, YTHDC1 se relocalise dans des structures de stress caractéristiques et nucléaires, appelées « nuclear Stress Bodies » (nSB). Cette relocalisation repose sur la transcription de régions répétitives de l’hétérochromatine péricentrique qui produisent des ARN longs et non-codants, SATIII, qui sont au cœur de la formation des nSB. De manière intéressante, nous avons découvert qu'en se localisant au niveau des nSB, YTHDC1, tout comme les ARN SATIII, contribue à la régulation de l'épissage de potentiellement plusieurs centaines d'ARNm. Deuxièmement, en menant des expériences de ChIP-seq, nous avons découvert que, suite au stress thermique, YTHDC1 est recrutée sur des nouveaux sites génomiques. Nous avons notamment identifié de nombreux gènes codant pour les protéines de choc thermique (Heat Shock Proteins, HSP) comme étant des cibles de YTHDC1 en réponse à un stress thermique. Les analyses effectuées ont révélé que YTHDC1 est essentielle à l'induction de l'expression des HSP après un choc thermique. L'étude des fonctions moléculaires de YTHDC1 a montré que, en cas de stress thermique, la protéine régulerait la terminaison de la transcription des gènes HSP et l'export nucléaire de leurs ARNm. De plus, nous avons découvert, toujours en réponse au stress, que YTHDC1 est nécessaire pour maintenir la structure des Nuclear Speckles, qui sont des corps nucléaires contribuant au contrôle du métabolisme des ARNm. Enfin, l’importance de m6A pour les fonctions moléculaires et cellulaires de YTHDC1 a été abordée dans ce travail par l'établissement d'un modèle cellulaire modifié génétiquement. Cette approche a démontré que certains des rôles de YTHDC1 que nous avons identifiés sont liés à sa capacité à reconnaître la marque m6A.En conclusion, ce travail a permis de découvrir qu’un acteur de l'épitranscriptome, la protéine YTHDC1, est un régulateur nouveau et central de la réponse au choc thermique agissant à différents niveaux de la reprogrammation du génome induite par le stress. Nos résultats élargissent les connaissances actuelles sur la mise en œuvre de la voie de réponse au stress thermique par l'ajout d'un nouveau niveau de contrôle de l'expression génique et ouvrent de nombreuses opportunités pour des futures études.