Reconnaissance visuelle : Etude de l'influence de la vision périphérique dans le cadre d'un modèle fréquentiel prédictif
Auteur / Autrice : | Alexia Roux-Sibilon |
Direction : | Carole Peyrin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives, psychologie et neurocognition |
Date : | Soutenance le 10/07/2020 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de psychologie et neurocognition (Grenoble ; Chambery ; 1996?-....) |
Jury : | Président / Présidente : Martial Mermillod |
Examinateurs / Examinatrices : Carole Peyrin, Valérie Goffaux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Poirel, Quentin Lenoble |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Nous saisissons l’essentiel de notre environnement visuel en un seul coup d’œil, et ce indépendamment de sa complexité. Différentes propositions théoriques dans le domaine de la reconnaissance visuelle ont proposé que cette capacité reposerait sur l’extraction du 'gist' de la scène visuelle, une première représentation visuelle globale et rudimentaire. L’extraction du gist reposerait notamment sur l’analyse rapide des basses fréquences spatiales du signal visuel, qui permettrait une catégorisation assez grossière de la scène et des objets qui la composent. Cette première représentation de la scène permettrait par ailleurs de déclencher des mécanismes prédictifs qui guideraient dans un second temps une analyse visuelle plus minutieuse et détaillée. Ce cadre théorique, que nous avons formalisé dans cette thèse sous le nom de modèle fréquentiel prédictif, rend compte d’un grand nombre de résultats empiriques. Dans l’ensemble, les travaux à l’appui de ce modèle se sont concentrés sur la reconnaissance visuelle de petits stimuli présentés en vision centrale. Or, l’acuité visuelle diminue drastiquement avec l’excentricité rétinienne si bien qu’une grosse part du signal en basses fréquences spatiales provient de la vision périphérique. Dans ce travail de thèse, nous avons testé l’hypothèse selon laquelle l’information de basse résolution spatiale extraite en vision périphérique influence les traitements réalisés en vision centrale. Dans une première série d’expériences, nous avons observé que la catégorisation de stimuli visuels complexes (de type objets ou scènes) présentés en vision centrale peut être améliorée et/ou accélérée lorsque l’information visuelle périphérique est sémantiquement congruente par rapport à lorsqu’elle est incongruente. Dans une seconde série d’expériences, nous avons étudié les conséquences d’une perte de vision périphérique sur les traitements réalisés en vision centrale. Nous avons pour cela testé des patients atteints d'un glaucome. Cette pathologie ophtalmique affecte en particulier la rétine périphérique et représente ainsi un bon modèle pathologique d'un système dans lequel la vision périphérique a moins d'importance. Nous avons observé que ces patients présentaient un déficit pour catégoriser des petites scènes présentées en vision centrale, alors même que leur sensibilité rétinienne était préservée pour cette région du champ visuel. Ce dernier résultat suggère que la perte de vision périphérique causée par le glaucome désorganise les mécanismes prédictifs et perturberait ainsi la reconnaissance visuelle de manière globale, même en vision centrale. L’ensemble de ces travaux de thèse nous permettent de conforter et préciser le modèle fréquentiel prédictif tout en soulignant l’importance de considérer la vision périphérique dans les modèles de reconnaissance visuelle.