Essai sur l’ économie politique des interactions budgétaire et monétaire au Brésil
Auteur / Autrice : | Marcos Centurión-Vicéncio |
Direction : | Pierre Berthaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 22/07/2020 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Allegret |
Examinateurs / Examinatrices : Ilene Grabel, Natascha van der Zwan, Guillaume Vallet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Gerald A Epstein, Giselle Datz |
Mots clés
Résumé
L’une des principales conclusions de la macroéconomie moderne est que la domination fiscale est une menace pour la stabilité des prix. Cette ‘domination désagréable’ décrit une situation particulière dans laquelle des politiciens à courte vue utiliseraient le pouvoir de la banque centrale pour créer de l’argent afin de répondre aux besoins financiers du gouvernement. La démonstration empirique de la domination fiscale présentée pour la première fois par Sargent et Wallace (1981) a révélé une corrélation positive entre l’instabilité des prix et ce dysfonctionnement spécifique des interactions fiscales et monétaires. L’accent mis par les contributions ultérieures sur les avantages d’un régime à dominance monétaire pour atténuer le risque de domination fiscale, selon notre analyse documentaire, a dissipé des discussions plus consistantes sur les solutions non-dominantes. Cette thèse cherche à combler cette lacune en étudiant comment l’idée de dominance monétaire a généré des externalités négatives sur l’équilibre fiscal du gouvernement. Nous soutenons que cette notion n’est rien d’autre qu’une solution partielle. En effet, l’influence des groupes d’intérêt sur les décisions monétaires est souvent négligée, car les banques centrales sont supposées être des institutions impartiales qui interagissent avec des gouvernements irrationnels dont les choix sont susceptibles de générer des problèmes d’incohérence temporelle. Deux limites fondamentales de ces hypothèses sont alors reconnues. Premièrement, en examinant rarement les mécanismes sociaux et institutionnels à travers lesquels l’instabilité des prix peut se produire, on accorde une importance minimale à ce que nous appellerons ici la financiarisation de la politique monétaire - une distorsion des choix monétaires conduisant à la maximisation des gains privés au détriment des pertes collectives. Deuxièmement, peu d’attention est accordée aux externalités négatives de la domination monétaire sur l’équilibre budgétaire du gouvernement. Ces limites sont explorées à travers une analyse d’économie politique des pensions livrées (repo) utilisées à des fins monétaires au Brésil au cours de la période 2006-2016. En même temps que ces opérations ont été largement déployées par la banque centrale brésilienne pour faire converger l’inflation vers la cible, nous montrons que les repo comptent parmi les plus importantes sources de financement des principales banques commerciales du pays. Le ‘double caractère’ de cet instrument financier suggère que les décisions de la banque centrale ne sont pas purement techniques mais aussi politiques, ce qui nécessite donc une étude qui intègre le conflit d’intérêts sur les décisions monétaires, ainsi que les mécanismes dont dispose la banque centrale pour faire face à l’action des groupes d’intérêts organisés. Nous allons donc au-delà de l’hypothèse de l’inflation comme une simple ‘maladie monétaire’, pour étudier les forces économiques qui sont à l’origine des injections excessives d’argent sur le marché interbancaire brésilien. C’est ainsi que cette thèse entend contribuer à repenser la théorie de la politique monétaire et la nature de l’emprunt public.