Thèse soutenue

Anthropologie sémiotique des usages de psychotropes : pour une formalisation du sens de leurs usages
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Auteur / Autrice : Serge Escots
Direction : Jean Lassègue
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 19/12/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Jacques Fontanille
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Fontanille, Jean-Michel Costes, Maryse Lapeyre-Mestre, Michel de Fornel, Victor Rosenthal
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Michel Costes, Maryse Lapeyre-Mestre

Résumé

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Cette thèse vise à clarifier ce que les sociétés contemporaines désignent par « usage de drogue » et les types d’objets, d’expériences et de pratiques sociales référés à ces usages. L’anthropologie ne fournit pas de définition opératoire et ni la sociologie de la déviance qui circonscris l’usage de drogue aux cadres normatifs (Ogien A., 1995 et 2000 ; Becker H., 2001), ni les définitions médico-pharmacologiques qui classent les psychotropes en fonction de leurs propriétés, ne suffisent à rendre compte de l’expérience à la fois individuelle et collective de « l’usage de drogue ». Si nous disposons avec la notion de « fuitage pharmaceutique » (Lovell, 2008) d’un concept pour décrire le processus qui conduit d’un médicament à l’usage de drogue, nous ne disposons pas de cadre épistémologique pour expliquer pourquoi et comment ? Il nous manque le point de vue intérieur de ceux par qui s’opère cette reconfiguration et le contexte anthropologique dans lequel celle-ci s’inscrit. En l’absence d’une compréhension des processus sémiotiques qui tiennent ensemble, les dynamiques neuropharmacologiques, l’expérience singulière du consommateur et l’inscription sociale de l’usage, il est difficile d’en comprendre le sens. L’anthropologie sémiotique (Lassègue, Rosenthal, Visetti, 2009), nous permet de comprendre comment la reconfiguration de l’usage d’un antalgique en drogue apparaît comme forme symbolique au XIXe siècle par le geste littéraire de Thomas De Quincey (Vigarello, 1991). Des outils d’analyse sémiotique, nous permettent de mettre en évidence, dans le cas du Subutex®, les liens entre contexte socio-historique, fabrique de la norme et invention d’une nouvelle drogue. Ils nous permettent d’analyser l’histoire des transformations des formes sémiotiques d’usages de drogue du XVIIIe siècle à nos jours. Dès lors, il est légitime de s’interroger si la transformation de l’usage thérapeutique en usage de drogue est la seule transformation symbolique possible dans le champ sémiotique des usages de psychotropes ? À partir de ce cadre épistémologique appliqué à différents matériaux, nous montrerons que le rapport d’Homo sapiens aux psychotropes s’organise à partir d’opérateurs de diversification sémiotique se déployant dans des activités chamaniques, religieuses, sociales, médicales, scientifiques, technologiques, artistiques, économiques, politiques, médiatiques, etc. Ce point étant acquis, nous proposerons de formaliser le rapport d’Homo sapiens aux psychotropes selon six motifs existentiels d’usages : Proesthésique, Épiphanique, Curatif, Mélioratif et anti-Mélioratif, Affiliatif. Ce système sémiotique dynamique nous fournit les bases pour construire le socle d’une anthropologie sémiotique des psychotropes.