Thèse soutenue

Systématique de la polyrythmie malinké : Mali / Guinée

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Auteur / Autrice : Julien André
Direction : Marc ChemillierSimha Arom
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique, histoire et société
Date : Soutenance le 19/12/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Olivier Tourny
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Tourny, Fabien Lévy, Riccardo Del Fra, Michael Houseman, Luciana Deborah Penna-Diaw
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabien Lévy, Frank Alvarez-Péreyre

Résumé

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Cette thèse est l’aboutissement de mes recherches sur le patrimoine polyrythmique des Malinké. Elle s’attache à décrire et à analyser les principes qui régissent la polyrythmie de ce peuple, établi sur un territoire allant du sud du Mali au nord-est de la Guinée. C’est entre 1991 et 2000, lors de quatre séjours en Guinée et au Mali que j’ai acquis la pratique professionnelle du djembé auprès de spécialistes éminents comme Kalifa Mao Berté, à Kangaba (Mali), Madou Faraba Sylla à Bamako (Mali) et Fadouba Oularé à Faranah (Guinée).Disons d’emblée que mon étude s’inscrit dans une perspective plus musicologique (j’entends par là d’analyse musicale) qu’ethno-musicologique, appliquée à un procédé musical largement répandu en Afrique subsaharienne, envisagé ici en tant que système sémiologique, en reprenant et en adaptant les principes méthodologiques mis à jour il y a près de quarante ans par Simha Arom et, fait remarquable, qui se sont révélés particulièrement pertinents pour étudier ce répertoire situé à 4500 kilomètres de l'aire géographique où Arom a élaboré sa méthode. Toute polyrythmie étant – par définition – fondée sur des combinatoires de nombres, on pourrait considérer également que ce travail fournit des matériaux nouveaux pour une recherche ethnomathématique. Le corpus, qui totalise 150 heures d’enregistrements, correspond à 65 items polyrythmiques, réalisés à maintes reprises de manière variée et dans des contextes différents. La comparaison de ces diverses versions a permis de réduire leurs contenus respectifs à autant de matrices de leurs formules polyrythmiques. Les 38 qui sont reproduites dans la présente étude résument les traits qui en caractérisent l’ensemble. C’est à ce titre quelles peuvent être considérées comme représentatives. Dans les 6 premiers chapitres, je me suis attaché à : • contextualiser les aspects historique, géographique et sociologique de la musique malinké, au Mali et en Guinée – où j’ai mené mes enquêtes ; • dresser un panorama du patrimoine musical des Malinkés ; • présenter un état de la question ; • rendre compte de la méthodologie que j’ai élaborée ; • enfin, décrire les principes d’organisation métrique et rythmique de cette musique. Pour ce qui est de la méthodologie, elle se fonde sur l’association de ce que j’ai nommé « re-recording virtuel », et du performing. En effet, faute de disposer de deux magnétophones stéréo, j’ai pu, avec un seul appareil, en déplaçant le micro tour à tour face à chaque musicien, saisir les modalités d’imbrication des différentes parties individuelles et, par corollaire, effectuer des transcriptions de polyrythmies réalisées par des formations regroupant jusqu’à six instruments. Quant au performing, il consistait, dans un premier temps, en l’apprentissage, in situ, du jeu isolé des différents tambours pour chaque pièce pour, ensuite, à force de pratique, pouvoir les restituer lors de différentes manifestations publiques – au sein d’ensembles professionnels malinké, – ce qui, du même coup, constituait une validation culturelle de mes recherches. Par rapport à ce que l’on sait des polyrythmies subsahariennes – notamment grâce aux travaux de Simha Arom qui ont largement inspiré la présente étude –, celle des Malinké fait état de nombre de procédés qui semblent spécifiques, tels que l’absence de toute marque accentuelle, l’existence d’un temps de début de cycle, la particularité d’un swing permanent sur les valeurs issues de la subdivision de la pulsation, la fréquence de canons rythmiques, ainsi que les variations de tempo. Le dernier chapitre traite de deux aspects largement ignorés dans la littérature : le rôle du djembé solo au sein de l’ensemble, et la dialectique entre ses énoncés et les figures chorégraphiques réalisées par la danseuse ou le danseur soliste. Cette thèse – qui semble être une première dans ce domaine – voudrait poser des jalons d’un Atlas des polyrythmies de l’Afrique subsaharienne.