Thèse soutenue

Représentations du bonheur dans la littérature moderne de l'Europe centrale
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Auteur / Autrice : Ioana Duta
Direction : Jean-Marie Schaeffer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature : Théorie, Histoire
Date : Soutenance le 02/12/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Barbara Agnese
Examinateurs / Examinatrices : Barbara Agnese, Vasile Popovici, Tiphaine Samoyault, Philippe Daros, Philippe Roussin
Rapporteurs / Rapporteuses : Vasile Popovici, Tiphaine Samoyault

Résumé

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Cette thèse se propose d’analyser les représentations du bonheur dans les œuvres romanesques de l’Europe centrale. Notre travail a eu comme point de départ l’observation selon laquelle de nos jours l’homme semble être dans une quête presque hystérique du bonheur où ce dernier peut prendre un nombre infini de formes et d’approches. Cette diversité semble annuler le caractère universel du bonheur malgré le lieu commun qui dit que tous les hommes cherchent à être heureux. La question du bonheur est étudiée par l’histoire, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, les sciences des religions, mais aussi la linguistique, l’économie et la politique. Ainsi, vouloir définir le bonheur implique une multitude de perspectives, objectives et subjectives. Notre étude part du présupposé que la littérature nous offre d’autres clés d’interprétation de l’idée du bonheur. Nous nous proposons de l’analyser selon deux axes : la question de la nature du bonheur et celle des composantes du bonheur. La littérature, grâce à sa capacité à réunir au sein d’univers fictionnels des éléments relevant de l’histoire, de la culture, de l’examen des profondeurs du Moi - éléments qui se nourrissent de la mémoire collective et de la pensée philosophique - nous offre une voie d’accès privilégiée aux mondes passés du bonheur. Cherchant à définir l’idée de bonheur, nous avons ainsi choisi la littérature d’Europe centrale, et des pays qui autrefois étaient sous la domination de l’empire d’Autriche-Hongrie, parce qu’en tant qu’agglomération de plusieurs cultures, elle nous offre la possibilité d’en dégager un modèle complexe du bonheur. Nous étudions plus précisément la production littéraire d’auteurs d’Autriche, de la Hongrie, de la Bohême, de la Transylvanie, du Banat, de la Serbie, de la Bucovine, de la Galicie, de la Bosnie, de la Croatie et de l’Italie, ayant publié – le XIXe siècle et la fin de la période précédant la Seconde Guerre Mondiale, - des œuvres décrivant et analysant la quête du bonheur, ses succès et ses échecs. L’analyse comparatiste nous permettra de redéfinir le bonheur, en distinguant son caractère constant, universel, de des caractéristiques fluctuantes. La thèse distingue ainsi entre l’idée de bonheur véhiculée par la société austro-hongroise depuis 1800 et l’expérience du bonheur telle qu’elle se décrit à travers la littérature. Cette dernière nous permet d’identifier l’image du bonheur de l’époque : du centre à la périphérie de l’Empire, le multiculturalisme permet de saisir la problématique du bonheur dans toute sa complexité, englobant à la fois une histoire commune et des caractéristiques particulières aux différentes identités nationales. Notre analyse met en évidence la pluralité de types de bonheur en fonction de facteurs externes (l’influence du milieu social, des mœurs, de l’éducation, des relations interhumaines, de l’héritage culturel, etc.) et de facteurs internes (l’influence des caractéristiques du bonheur tels sa durée, son objet, son association au plaisir, au désir ou au sens de l’existence, etc.). Ces représentations littéraires du bonheur nous servent à identifier les composantes variables de l’idée de bonheur, tandis que le moment de la crise que constitue la Première guerre mondiale réélabore la dynamique temporelle du bonheur, ce qui permet d’ en abstraire plus clairement l’essence.