Le célibat dans la noblesse française d'Ancien Régime
Auteur / Autrice : | Juliette Eyméoud |
Direction : | Fanny Cosandey |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 15/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Duhamelle |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Duhamelle, Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, Nicolas Le Roux, Elie Haddad, Bernard Hours | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, Nicolas Le Roux |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail porte sur les individus nobles voués au célibat par leur famille pour des raisons économiques, mais également selon des politiques de prestige. Le XVIIe siècle voit émerger le célibat comme un phénomène démographique qui concerne environ la moitié des hommes et des femmes né·e·s dans le second ordre. Il donne notamment naissance au célibat féminin laïque, en la personne des ''filles majeures, usant et jouissant de leurs droits''. Cette force numérique (hommes et femmes, laïc·que·s et religieux·euses) nous indique qu'il s'agit bien d'un système mis en place par des lignages nobles qui tentent alors de protéger leurs patrimoines et de se distinguer par des alliances strictement endogames. Les célibataires jouent également un rôle positif dans la conservation des biens et dans leur redistribution, ils sont des passeurs. Loin d'être stigmatisés, ils sont, au contraire, parfaitement intégrés à leur parentèle. De plus, le célibat ecclésiastique offre des bénéfices qu'il s'agit de conserver, quitte à recréer des célibataires de génération en génération. Cela vaut aussi bien pour des ''lignes'' masculines (abbés et évêques) que pour des ''lignes'' féminines, la qualité d'abbesse faisant également l'objet de transmission népotique. Ainsi, ce travail de thèse tend à démontrer que le mariage n'est pas le statut suprême de cette société d'Ancien Régime. Cela doit permettre de nuancer l'idée d'un sacrifice de la part d'individus privés de ce lien et privés de descendance légitime. Plus largement, cela doit permettre de questionner la naissance de l'image négative du célibat que nous conservons encore aujourd'hui. Cette image, organisée autour des archétypes de la vieille fille et du vieux garçon (que l'on doit au XVIIIe siècle), est un héritage des Lumières et de la Révolution, de leurs inquiétudes natalistes et de leurs velléités familialistes.