Thèse soutenue

Essais sur les médias et le gouvernement en Chine

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Auteur / Autrice : Maiting Zhuang
Direction : Ekaterina Zhuravskaya
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politique économiques
Date : Soutenance le 30/11/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....)
Jury : Président / Présidente : David Strömberg
Examinateurs / Examinatrices : David Strömberg, Matthew Gentzkow, Émeric Henry, Ruixue Jia, Hillel Rapoport

Résumé

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Cette thèse se compose de trois articles de recherche empirique sur l'économie politique de la Chine. Le premier chapitre explique pourquoi la censure des médias varie au sein d'un pays autocratique. J'étudie la façon dont les journaux chinois rendent compte des fonctionnaires arrêtés lors de la campagne anti-corruption de Xi Jinping, en rassemblant près de 40,000 articles imprimés et les publications et commentaires correspondants dans les médias sociaux. Je montre que des individus sont plus enclins à rechercher et à commenter sur des fonctionnaires corrompus de leur propre province. Pourtant, malgré un plus grand intérêt des lecteurs, les journaux locaux sous-rapportent les scandales de corruption impliquant des hauts fonctionnaires de leur propre province. Lorsque les journaux rapportent sur la corruption dans leur propre province, ils minimisent ces scandales, en les rendant plus courtes, moins négatives et moins susceptibles de mentionner explicitement la corruption. De même, les journaux municipaux rapportent moins sur la corruption dans leur propre ville que dans d'autres villes de la même province, mais sont plus susceptibles de signaler la corruption au sein de leur gouvernement provincial. Ces résultats illustrent comment les conflits intergouvernementaux peuvent conduire à des stratégies de censure des médias divergentes par différents niveaux de gouvernement. Ce type de censure localisée peut réduire la responsabilité et imputabilité des gouvernements locaux.Le deuxième chapitre examine si les stéréotypes dans les médias de divertissement provoquent un sentiment négatif à l'égard des étrangers. Malgré des liens économiques étroits, le sentiment anti-japonais est élevé en Chine. Je rassemble des informations détaillées sur les émissions de télévision chinoises en 2012 et je documente qu'environ 20 pour cent de toutes les émissions diffusées aux heures de grande écoute étaient des dramatiques historiques qui se sont déroulées pendant l'occupation japonaise de la Chine. Pour identifier l'effet causal des médias, j'exploite les données à haute fréquence et la variation exogène de la probabilité de regarder des series de guerre sino-japonaises en raison des positions des chaînes et de la substitution entre des programmes similaires. Je montre que l'exposition à ces émissions de télévision conduit à une augmentation significative des manifestations antijaponaises et des discours de haine anti-japonais sur les médias sociaux en Chine. Ces effets sont attribuables à des émissions télévisées produites par des entreprises privées plutôt qu'à des émissions produites par l'État.Le troisième chapitre, co-écrit avec Paul Dutronc-Postel, illustre comment les incitations peuvent affecter les choix politiques des bureaucrates. Nous collectons les historiques de carrière des fonctionnaires de toutes les préfectures chinoises entre 1996 et 2014 et nous identifions l'effet causal des incitations en exploitant la variation ex ante du nombre de concurrents. Les cadres avec une cohorte initiale plus petite ont une plus grande probabilité de promotion. Cela les pousse à adopter une stratégie qui repose sur l'investissement immobilier et l'expropriation des terres rurales, et ce qui se traduit par une croissance plus rapide de la construction et du PIB. Nous présentons des preuves suggestives que les mêmes incitations entraînent une baisse des investissements dans des biens publics. Nous montrons que les expropriations de terres sont associées à des résultats négatifs pour les personnes expropriées, à des arrestations ultérieures de fonctionnaires locaux et à l'émergence de villes fantômes.