L'Horizon des possibles planétaires : dynamiques et glissements de frontières entre science et science-fiction
Auteur / Autrice : | Julien Wacquez |
Direction : | Jean-Louis Fabiani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 25/06/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : José Halloy |
Examinateurs / Examinatrices : José Halloy, Stéphane Dufoix, Christine Détrez, Peter Louis Galison, Emmanuel Grimaud, Joëlle Le Marec |
Résumé
Lorsque la sociologie s’intéresse à la science-fiction, elle ne la considère qu’en tant que forme littéraire, voire paralittéraire, sans jamais s’interroger sur ce qui fait sa spécificité, à savoir le trait d’union placé entre deux mots que tout semble opposer. Cette thèse vise à prendre au sérieux cette spécificité. Elle démontre, d’une part, que les récits de science-fiction, en répondant à des impératifs de crédibilité scientifique et de réalisme, possèdent une certaine efficacité épistémique et, d’autre part, que la science elle-même empiète sur le territoire de la fiction et, par ces incursions, parvient à repenser l’horizon de ses possibilités et de ses spéculations.Après avoir développé une approche sociologique capable de rendre compte pleinement de l’ambivalence de ces récits – comme appartenant simultanément aux domaines (jamais entièrement) séparés de la science et de la science-fiction – l’enquête se focalise sur un corpus précis, constitué en isolant un problème commun à la « Hard Science Fiction » et la discipline astrophysique, celui de l’expansion de l’empire de l’humanité dans l’espace. Ce dernier thème connaît un fort regain d’intérêt à l’heure où l’effondrement des écosystèmes terrestres menace la pérennité de nos modes de vie.À partir d’un ensemble de matériaux hétérogènes (romans, nouvelles, articles scientifiques, conférences, essais, lettres, préfaces, critiques, avis de lectures, etc.), la thèse révèle que les écrivains de science-fiction et les scientifiques se lisent mutuellement, se répondent, se critiquent et se corrigent. Qu’ensemble, ils élaborent des concepts nouveaux, en affinent ou en déconstruisent d’anciens et ce faisant, s’engagent dans un même effort pour penser, concrétiser ou, au contraire, remettre en cause la faisabilité et le bien-fondé d’un tel projet civilisationnel. En retraçant soigneusement leurs interactions, la thèse suit la constitution et le déplacement de la frontière entre science et littérature, réalité et fiction, possible et impossible. À l’issue de l’enquête se dégage la complicité entre écrivains et scientifiques dans la promotion de deux projets distincts, répondant chacun à leur manière aux enjeux écologiques contemporains : le premier en quittant la Terre et le second en réinterrogeant nos manières de l’habiter.