Thèse soutenue

Quantification et dynamique spatio-temporelle des puits de carbone associés aux herbiers à Posidonia oceanica

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Briac Monnier
Direction : Gérard PergentMiguel Angel Mateo Minguez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et Biologie des Organismes - Populations - Interactions
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Université de Corse (1975-....). UMR CNRS 6134 "Sciences pour l'Environnement" (SPE)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Gobert, Oscar Serrano, Jean-François Santucci, Christine Pergent-Martini, Philippe Clabaut
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Gobert, Oscar Serrano

Résumé

FR  |  
EN

Dans le contexte du changement climatique, la nécessité de réduire les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2) pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris a récemment accentué l'intérêt pour la quantification de la capacité des écosystèmes côtiers (i.e. les herbiers marins, les mangroves et les prés-salés) à séquestrer le carbone communément appelé « Carbone Bleu ». Bien que ces écosystèmes à Carbone Bleu représentent moins de 1 % de la surface des océans, ils sont notamment reconnus pour séquestrer et stocker de grandes quantités de carbone dans leurs sédiments constituant des puits de carbone majeurs en zone côtières. En Méditerranée, l’espèce endémique Posidonia oceanica (Linnaeus) Delile constitue de vastes herbiers marins considérés comme (i) des puits de carbone à long terme et (ii) des archives biologiques dû à la formation d’une structure remarquable appelée « matte ». Ces dépôts, composés de débris d’herbiers très réfractaires enfouies dans les sédiments, constituent des puits de carbone à long terme pouvant être préservé pendant des siècles voire des millénaires et atteindre plusieurs mètres d'épaisseur. Afin d'estimer la contribution de ces herbiers à l'atténuation du changement climatique, une estimation des stocks de carbone a été réalisée dans la zone Natura 2000 « Grand Herbier de la Côte Orientale » en Corse (France). Cette approche expérimentale est basée sur l’analyse de plus de 1380 km de données de sismique-réflexion haute résolution et de 49 carottes sédimentaires (40-365 cm de long) collectées entre 10 et 50 m de profondeur lors de trois campagnes océanographique à bord du navire « L'Europe » (Ifremer). La conversion temps-profondeur des données sismiques a été obtenue en déterminant la vitesse de l’onde acoustique dans la matte (1664,4 m.s-1) après un processus d'intercalibration (sondeur multifaisceaux, LiDAR et données terrains). La cartographie prédictive établie par krigeage ordinaire met en évidence une forte hétérogénéité spatiale des épaisseurs de matte dans le site d'étude. La hauteur des mattes (moyenne : 251,9 ± 0,2 cm) augmente dans les eaux peu profondes, près des embouchures des fleuves et lagunes côtières, où une épaisseur de matte atteignant 867 cm a été enregistrée. Les datations au 14C révèle la présence des herbiers depuis l'Holocène (7 000-9 000 ans avant aujourd’hui) ainsi qu’une forte variabilité dans l'accrétion de la matte résultant de l'interaction de multiples facteurs biotiques et abiotiques (e.g. structures des herbiers, profondeur, hydrodynamisme, géomorphologie). En se basant sur la surface occupée par ces herbiers et l'épaisseur moyenne relevée, le volume de matte a été estimé à 403,5 ± 49,4 millions de m3. Les analyses biogéochimiques et sédimentologiques ont montré une forte variation dans l'accumulation et les stocks de carbone organique et inorganique (respectivement Corg et Cinorg). Les stocks de Corg et Cinorg (moyenne : 327 ± 150 t ha-1 et 245 ± 45 t ha-1, respectivement), présentent des tendances contrastées. Ainsi, les herbiers superficiels ou implantés sur une matrice sableuse possèdent des stocks de Corg significativement plus important que les herbiers profonds ou situées dans les zones rocheuses. Inversement, les stocks de Cinorg sont plus élevés sur fonds rocheux, en mer ouverte, mais aussi en zones profondes. La signature isotopique (δ13C) révèle une contribution accentuée des apports allochtones en matière organique (macroalgues et sestons) aux puits de carbone en milieu estuarien et dans les zones superficielles. Les estimations des quantités de carbone stockées sur les premiers 250 cm de matte (épaisseur moyenne au niveau du site) ont été estimées à 13,2 millions de t Corg et 14,4 millions de t Cinorg, soulignant le rôle majeur de P. oceanica comme puits de carbone côtier. De plus, l’une des carottes sédimentaires prélevées a révélée l’existence d'un ancien banc de corail Cladocora caespitosa (Scleractinia) enfouie dans la matte.