Thèse soutenue

Vers un design de l'être : La bricologie comme savoir-faire et savoir-être de l’artisan Hermès

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Auteur / Autrice : Emmanuel Ducourneau
Direction : Joël CandauArnaud Halloy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie et de psychologie cliniques, cognitives et sociales (Nice ; 2016-)
Ecole : The Sustainable design school
Entreprise : Hermès
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Grimaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Sébastien Fournier, Patricia Ribault

Résumé

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Le Carré est une étoffe de soie imprimée par la maison Hermès depuis 1937. Son apparence simple recèle des processus techniques complexes. Dans un premier temps, il s’agit de cartographier le processus de création et de production de l’objet à partir des 1300 agents, humains et non-humains, préalablement recensés et géocodés. Cette stratégie ethnographique, nommée « ontographie » et « onto-cartographie », fait apparaître un réseau sociotechnique hétérogène et étendu à la surface de la biosphère tout entière, à partir duquel il est possible d’identifier cinq modes techniques dits « bricologiques ». En effet, la logique du bricolage s’applique à la configuration historique de l’appareil créatif et productif du Carré Hermès, aux processus techniques frugaux (low tech) et hybrides (wild tech) qui animent sa fabrication, à la conception des machines qui automatisent certaines tâches et aux usages détournés déployés par les consommateurs et l’entreprise. Dans un deuxième temps, il s’agit d’étudier le mode de relation au monde de l’Artisan Hermès et le mode esthétique du Carré Hermès en fonction du degré bricologique des pratiques et du niveau d’automatisation des métiers. Plus l’artisan bricole, plus son attention est optimale, plus ses sens et son intuition sont affûtés, plus sa cognition est incarnée et étendue, et plus son mode de relation au monde est résonant. Outre cela, plus l’objet est bricolé, plus il est d’une beauté imparfaite. Autrement dit, cette façon singulière de faire et d’être laisse des traces à la surface de l’objet, chacune d’elles pouvant être considérée comme le souvenir d’une rencontre sensible entre l’artisan et son métier, entendu comme fragment du monde. Dans la troisième partie, il s’agit d’extraire de l’ethnographie les éléments capables d’inspirer une pratique de l’innovation orientée vers le design d’un mode de fabrication durable et d’un mode de relation au monde résonant. Le designer de l’être fait usage de la cartographie et de l’ethnographie pour s’orienter parmi la complexité des processus techniques contemporains et révéler au consommateur les « paysages » de l’innovation, ses aspects les plus sombres et les plus lumineux, ses mondes et ses habitants humains et non-humains. Il fait de la bricologie l’algorithme qui gouverne toute prise de décision afin que les acteurs et les actrices du projet puissent faire et être plus avec moins.