Thèse soutenue

Systèmes de production céramique des premiers paysans du domaine liguro-provençal (VIème millénaire BCE) : Traditions techniques des décors

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Auteur / Autrice : Laura Cassard
Direction : Didier Binder
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (Nice)
Agence publique : Agence nationale de la recherche (France)
Jury : Président / Présidente : Isabella Caneva
Examinateurs / Examinatrices : Miquel Molist Montaña
Rapporteurs / Rapporteuses : François Giligny, Claire Manen

Résumé

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La diffusion et l’évolution du Néolithique au cours du VIème millénaire en Méditerranée nord-occidentale ont été particulièrement étudiées à partir de la décoration des céramiques, perçue comme un des principaux « fossiles directeurs » utilisés pour définir les cadres chrono-culturels. Ornées majoritairement par impression, les poteries illustrent un fort polymorphisme qui relève de l’interaction de groupes aux traditions techniques différentes. Les approches stylistiques et technologiques de la décoration mises en œuvre jusqu’à présent ont permis de définir les diverses entités à l’œuvre à l’échelle de l’aire culturelle, mais peinent à établir une phylogénie fine des modes décoratifs à l’échelle régionale et locale.Cette thèse s’est attachée à renouveler la méthode d’analyse des décors à l’échelle du site. Chaque maillon de la chaîne opératoire décorative a été décomposé et décrit afin de restituer la dynamique générale du décor. La démarche, fondée sur l’imagerie tridimensionnelle et l’expérimentation, offre des démonstrations pertinentes et quantifiées, de l’échelle de l’empreinte à la celle du vase. Les analyses ont été entreprises systématiquement sur chaque individu céramique. L’ensemble des données sur le sous-système des décors a ensuite été replacé dans le système de production céramique afin d’avoir une vision intégrée.Mise en œuvre sur le site de Castellar-Pendimoun, la méthode a livré des résultats multiples. Des outils jusqu’alors indéterminés ont été identifiés, des procédés d’ornementation ont été détaillés, mais surtout, les schémas opératoires de réalisation des décors ont été mis en évidence. Ce dernier aspect, totalement inédit dans l’étude des décors Impresso-Cardial de Méditerranée du nord-ouest, a permis de mieux comprendre les règles de construction de l’ornementation et les modes de manipulation des vases au cours de leur décoration. Les méthodes métriques mises en œuvre pour identifier les genres et gabarits des coquilles utilisées comme outil de décor ont été révisées. Des méthodes développées, entre autre en médecine légale, sur les empreintes digito-unguéales ont été adaptées aux empreintes décoratives afin de discuter l’identité des potiers : d’une part leur âge, grâce aux négatifs des ongles, et d’autre part leur genre, grâce aux empreintes digitales. Les analyses multivariées combinant les types d’outils et les gestes décoratifs ont permis d’identifier sur des bases qualitatives et quantitatives robustes les tendances distinctives et évolutives pour une des rares séquence d’assemblages décorés du premier Néolithique d’Europe occidentale, entre 5720 et 5020 BCE. Les résultats ont été mis en perspective à l’échelle de l’aire liguro-provençale notamment en les confrontant aux données des Arene Candide et, plus largement, dans le contexte de la céramique imprimée occidentale, depuis l’Italie du sud jusqu’aux rivages languedociens. Cette nouvelle méthode d’étude contribue ainsi à une meilleure perception des dynamiques à l’œuvre au cours du VIème millénaire BCE dans cette aire culturelle.