Thèse soutenue

Systèmes d'élevage et pastoralisme en Provence et dans les Alpes méridionales durant la Protohistoire : Nouvelles perspectives en archéozoologie

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Auteur / Autrice : Manon Vuillien
Direction : Isabelle Théry-Parisot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 09/11/2020
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (Nice)
Jury : Président / Présidente : Dominique Garcia
Examinateurs / Examinatrices : Rose-Marie Arbogast, Maria Saña Seguí, Thomas Cucchi, Lionel Gourichon, Emmanuelle Vila
Rapporteurs / Rapporteuses : Rose-Marie Arbogast, Maria Saña Seguí

Résumé

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Depuis près de huit millénaires, l’élevage et le pastoralisme ont joué un rôle moteur dans le développement des sociétés de Méditerranée nord-occidentale. Pour la Provence et les Alpes méridionales, toutefois, les caractéristiques et les dynamiques des systèmes d’exploitation des ressources animales sont moins bien connues entre la fin du Néolithique et le début de la romanisation. Cette recherche doctorale a pour objectif de mieux comprendre ces processus à partir de l’étude des données archéozoologiques disponibles pour ces périodes, et à travers l’analyse du matériel faunique de cinq sites archéologiques clefs : la grotte de Pertus II (Méailles, Alpes-de-Haute-Provence), l’habitat de Place Mariéjol (Antibes, Alpes-Maritimes), le sanctuaire de la Cime de Tournerie (Roubion, Alpes-Maritimes), l’oppidum d’Entremont (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône) et l’agglomération de Maritima Avaticorum (Martigues, Bouches-du-Rhône). Trois grandes questions ont été explorées dans cette perspective : la place des animaux domestiques dans l’alimentation des sociétés protohistoriques, la diversité morphotypique des moutons et des chèvres présents sur le territoire provençal et sud-alpin et les pratiques d’élevage développées, notamment pour les caprinés domestiques, au cours de cette période.Pour cela, en complément des méthodes classiques de l’archéozoologie (identification taxonomique, études des pratiques de boucherie et de consommation), nous avons appliqué et développé des outils qui bénéficient depuis ces dernières années d’avancées méthodologiques importantes : l’étude de la morphométrie du squelette et l’analyse des profils de mortalité des animaux domestiques. Grâce à la création d’un protocole d’analyse en morphométrie géométrique 2D/3D, nous avons mis en évidence l’existence de plusieurs morphotypes de moutons. En croisant ces résultats avec les données obtenues sur les stratégies de gestion des troupeaux et les principales productions recherchées (viande, lait et laine), nous avons montré que différents systèmes d’élevage ovin et caprin étaient présents en Provence. Cette diversité semble en partie déterminée par la configuration territoriale et culturelle de la région, avec des différences marquées entre le littoral et la haute montagne pour ce qui concerne l’exploitation des moutons, tandis que dans le bassin aixois et autour de l’étang de Berre semble s’individualiser un terroir particulier autour d’une spécialisation de l’élevage des chèvres. La fin de cette période est marquée par des modifications dans les pratiques alimentaires qui se manifestent, notamment, par une augmentation de la consommation en viande de bœuf et de porc dans certaines agglomérations, sous la double influence de l’urbanisation et de la conquête romaine.Cette recherche, en plus d’apporter des éléments nouveaux de connaissance sur l’histoire de l’alimentation et des productions animales, contribue à proposer de nouveaux outils méthodologiques pour explorer la biodiversité passée des espèces domestiques.