Une approche théorico-clinique de l'Enracinement : Déclinaisons des espaces, de la créativité et du contemporain
Auteur / Autrice : | Charlotte Gibelin |
Direction : | André Quaderi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 21/07/2020 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cognition Behaviour Technology (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Michel Vives |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Vives, Michèle Benhaïm, Vincent Bréjard, Olivier Douville | |
Rapporteur / Rapporteuse : Michèle Benhaïm, Vincent Bréjard |
Mots clés
Résumé
La visée de cette thèse est de mettre à l’épreuve l’enracinement – terminologie avancée à l’origine dans le champ philosophique par Simone Weil –, en lui donnant une résonance clinique et une intelligibilité conceptuel métapsychologique. Au fil de nos recherches comme de notre praxis, la dimension d’enracinement, ainsi que son pendant du déracinement, semblent toucher au plus près de la clinique du sujet et du lien social, avec les diverses déclinaisons qui sont les siennes. En d’autres termes, en quoi l’enracinement, ce concept développé en premier lieu par une épistémologie philosophique qui nous est extérieure, peut-il éclairer notre pratique de psychologue et nos référentiels ? L’actualité du lien social ne sera pas sans exposer le sujet à de nouvelles formes de déracinement (exil, chômage, crise identitaire, délitement social, burn-out...). Les discours de certains de nos patients en témoignent, ainsi que l’apparition de nouvelles manifestations symptomatiques et vécus de souffrance. Au-delà des faits du monde contemporain, le vécu subjectif déployé à travers les récits de chacun (patient, écrivain, artiste, psychanalyste, sociologue…) donnent à entendre la manière singulière dont le sujet compose avec la marque du déraciné. La mauvaise rencontre avec le réel laisserait entrevoir un déracinement psychique, temps durant lequel le sujet est « sans voix » face à ce qui ne peut être représenté.La question se pose du traitement du déracinement du sujet en tant qu’être social et de langage, et des espaces d’enracination qui pourraient perdurer, être mobilisés, créés… Chemin faisant, nous aurons à considérer l’enracinement au prisme d’une conceptualisation dialectique (et non un clivage) enracinement/déracinement. Dialectique qui s’éprouvera dans l’espace thérapeutique, mais aussi dans une lecture contemporaine du lien social, de ses mouvements et ses incarnations. La dimension d’espace ne sera pas sans éclairer notre propos et se fera entendre comme espace psychique, thérapeutique, social, culturel, artistique, littéraire… Autant de lieux d’expression et d’expérimentation du nouage dialectique entre enracinement et déracinement, participant de la sorte à une vision dynamique et langagière, individuelle et collective.A n’en pas douter, les différentes rencontres aiguisèrent l’intérêt et la curiosité propres à la recherche, forgeant ainsi le parcours de praticienne engagée dans un travail doctoral. Ces rencontres, elles eurent lieu tant dans une expérience de déplacement en Afrique que dans un quotidien de psychologue sur le secteur autochtone niçois. Il s’agit, dans la démarche méthodologique qui est la nôtre, de mettre en exergue la logique propre aux mouvements de déplacement, de décentrement et de retour, en ne perdant pas de vue les points d’enracinement de notre pratique et les coordonnées de création, d’actualisation, d’inédit. La confrontation à un Ailleurs sera pour notre part tout à fait emblématique d’une méthodologie de recherche et de réflexion quant à notre objet de départ : l’enracinement et ses ouvertures, qui participent d’une vision de l’Altérité et nous préserve de toute assignation à résidence.Nous avons pour cette recherche opté en faveur d’un regard pluriel, puisant dans les disciplines de la psychologie clinique, la psychopathologie, la psychanalyse, l’anthropologie et la philosophie, sans oublier les perspectives artistiques, poétiques et littéraires, qui apportent de précieux témoignages à notre thématique. Nous aurons, de ce fait, à penser l’enracinement dans une démarche de décentrement, amenant ainsi à une vision heuristique qui articule plusieurs champs disciplinaires, avant de nous recentrer sur l’opérationnalité clinique du concept.