Thèse soutenue

Une vallée frontalière : Parcours néoruraux, mobilisations sociales et solidarité avec les migrants dans la Vallée de la Roya

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Auteur / Autrice : Luca Giliberti
Direction : Swanie PototLuca Queirolo Palmas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 29/05/2020
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur en cotutelle avec Università degli studi (Gênes, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de recherche Migrations et Société. UMR 8245 (CNRS). UMR 205 (IRD) (Paris et Nice ; 2014-)
Jury : Président / Présidente : Federico Rahola
Examinateurs / Examinatrices : Federico Rahola, Pier Paolo Viazzo, Lucie Bargel, Michel Peraldi
Rapporteur / Rapporteuse : Pier Paolo Viazzo

Résumé

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Cette enquête ethnographique étudie une vallée rurale traversée par la frontière entre l'Italie et la France – la Vallée de la Roya – à l’époque de la “crise de l’accueil”, de 2017 à 2019. La recherche explore les effets de la ''fermeture'' de la frontière politique sur ce territoire, par des contrôles systématiques et une militarisation de la zone, et sur le tissu social local. On montre comment les frontières sociales se reconfigurent à partir d’une étude des relations entre divers univers culturels de la population. Un réseau d'habitants solidaires avec les migrants – en majorité une population néorurale déjà active dans la vie culturelle et dans la mobilisation du territoire – prend forme dans la vallée ; simultanément, tandis qu’une autre partie de la population, constituée principalement par les familles de souche, s’érige contre les actions solidaires, cet antagonisme donne lieu à une série de conséquences et de conflits sociaux sur le territoire.Dans ce “drame social” la recherche analyse en détail les parcours néoruraux, les mobilisations sociales préexistantes dans la vallée et la solidarité avec les migrants. S'appuyant sur une littérature en sciences sociales sur la migration et les frontières, ainsi que sur les études rurales, la recherche est guidée par un ensemble de questions de recherche. Quel est le lien entre l'engagement pour une vie culturelle rurale active, les mobilisations pour la défense du territoire et la solidarité avec les migrants bloqués à la frontière ? Quel sens donner à l'expression ''défense du territoire'' revendiquée par diverses parties en désaccord ? Comment les univers culturels préexistants de la vallée et leurs frontières sociales se réorientent-ils ? Dans quelle mesure et comment la caractéristique rurale de la vallée influence-t-elle les conséquences de la question migratoire ? Comment se dessine cet univers de pratiques solidaires et avec quels registres d'action ? Comment différents territoires ruraux, à partir de diverses formes de mobilisation collective, participent-ils aux processus de résistance locale aux politiques néolibérales ?La méthode qui a guidé la recherche est inductive, orientée par ces questions de recherche, et développée au travers d’un intense processus ethnographique, basé sur l'immersion dans le territoire étudié, au travers des techniques telles que l'observation participante et la collecte de sources orales, en particulier entretiens semi-structurés.L'originalité de la thèse est double : in primis, elle rend compte des résultats d'une recherche sur un territoire rural effervescent, dans un moment historique où certains lieux marginaux semblent se proposer comme scénarios de transformation sociale et culturelle, à travers des mobilisations et des pratiques alternatives de vie, encore peu documentées dans la littérature en sciences sociales. Deuxièmement, dans un scénario où de plus en plus d'études sociologiques s'emparent de la multiplication des frontières en Europe, la recherche observe le phénomène à travers les lentilles, jusqu'ici peu explorées, des territoires ruraux.