Les stimulations bilatérales alternées dans la prise en charge des troubles du comportement de la personne âgée en EHPAD : Usage d’une technique de la psychothérapie EMDR en gérontologie
Auteur / Autrice : | Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz |
Direction : | André Quaderi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 13/03/2020 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cognition Behaviour Technology (Nice) - Cognition Behaviour Technology / CobTek |
Jury : | Président / Présidente : Sylvie Bonin-Guillaume |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Bonin-Guillaume, Lydia Fernandez, Andrea Soubelet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Bonin-Guillaume, Lydia Fernandez |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
De nombreuses études scientifiques valident l’efficacité de la thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) pour le traitement du TSPT (Trouble de Stress Post Traumatique, DSM-5). L’EMDR s’édifie sur un traitement adaptatif de l’information qui s’établit grâce à la spécificité de son protocole en huit phases (Shapiro, 1989) et à l’action des Stimulations Bilatérales Alternées (SBA). Le champ thérapeutique de l’EMDR ne cesse de s’élargir vers les troubles de l’humeur, les phobies, les addictions, les douleurs chroniques et le champ sanitaire (annonce cancer). De nos jours, des protocoles EMDR existent pour les enfants (Lavett, 1999), pour les personnes avec déficits intellectuels (Mevissen, Lievegoed, Seubert & Jongh, 2011), mais peu de littérature s’intéresse à la personne âgée avec troubles cognitifs majeurs. Hyer (1995) reporte uniquement des cas cliniques de séances d’EMDR effectuées avec des patients présentant des troubles cognitifs légers. Amano et al., (2015) sont les seuls chercheurs à avoir rédigé un protocole « d’EMDR sur le champ » applicable aux troubles cognitifs sévères. Objectif : L’étude du CHU de Nice vise à mettre en place une méthode thérapeutique non médicamenteuse empruntée à l’EMDR dans le but de réduire les troubles du comportement de type agitation verbale chez le sujet âgé en EHPAD avec troubles cognitifs majeurs. La gestion des émotions dans le cadre des pathologies neurocognitives est déficitaire au même titre que les processus mnésiques. Les symptômes du TSPT et ceux induits par la démence sont similaires : angoisse, hyper vigilance, comportement d’évitement, etc. Si les SBA produisent un apaisement immédiat du système parasympathique dans le TSPT, il est probable que nous retrouvions ce même effet pour les SCPD . Méthode : Le protocole s’est déroulé en EHPAD. Les critères d’inclusion sont ceux de pathologies neurodégénératives à un stade sévère (MMSE<10) ainsi que l’agitation verbale mesurée avec les équipes soignantes (NPI-ES, Covi, CMAI scale). 15 résidents ont été inclus dans cette étude de faisabilité. Les sujets ont été randomisés et attribués dans un groupe contrôle et un groupe SBA après enquête étiologique. Des sessions de 10 minutes de SBA ont été attribuées aux participants du groupe expérimental. Pour le groupe contrôle : des sessions de 10 minutes ont permis de tenir la main de la personne âgée (stimulation tactile continue). Le second temps de l’étude consiste en un suivi à long terme de trois résidents. Les SBA seront administrées sur 45 sessions en 5 mois. Le protocole est encadré par une RCP afin de permettre aux SBA d’intégrer le « soin usuel ». Résultats : Les résultats quantitatifs retrouvent une tendance à une meilleure efficacité des SBA par rapport au groupe contrôle entre les interventions 1 et 2 pour 5 items (fréquence, durée, intensité, échelle de Pittsburgh, échelle CMAI) sur 6. Le suivi à long-terme des résidents a permis de confirmer les résultats des travaux de Cohen Mansfield (2012) concernant la corrélation entre cris, vocalisations et besoins primaires non assouvis. Discussion : le protocole SBA adapté pour les troubles cognitifs sévères pourrait faire l’objet de recommandations dans le cadre des approches communicationnelles non médicamenteuses, même si, en EHPAD, le manque de moyens et le turn-over des équipes soignantes constituent un frein à ces approches.