Thèse soutenue

Influence du réchauffement climatique sur la croissance des ligneux bas dans les Alpes françaises : analyse dendroécologique de Rhododendron ferrugineum L. en contextes topoclimatiques contrastés

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Loïc Francon
Direction : Irène Till-BottraudChristophe Corona
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 25/06/2020
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale
Laboratoire : Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale / GEOLAB
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Philippe Choler, Markus Stoffel
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Gauquelin, Isla Myers-Smith

Résumé

FR  |  
EN

Les écosystèmes alpins, comme la toundra arctique, subissent un réchauffement accentué par rapport au reste du globe. En Arctique, une approche dendroécologique basée sur l’analyse des relations entre la croissance annuelle radiale et le climat a permis de mettre en évidence les paramètres climatiques qui contrôlent l’expansion des arbustes nains (ligneux bas). Ces changements au sein de la toundra ont de vastes répercussions sur l’albédo, le manteau neigeux, le sol, le microclimat au niveau du sol ainsi que sur le cycle du carbone et le climat à l’échelle planétaire. Les Alpes européennes se sont considérablement réchauffées ces dernières décennies, et ce de manière non-linéaire, avec un point d’inflexion situé à la fin des années 80. Par analogie avec l’Arctique, nous émettons l’hypothèse qu’à haute altitude la diminution des contraintes climatiques (hausse des températures estivales, diminution de l’enneigement) favorise une augmentation de la croissance radiale des ligneux bas. Afin de valider cette hypothèse, huit populations de Rhododendron ferrugineum L. (Ericaceae) ont été prélevées dans des sites, le long de gradients topoclimatiques et dans des massifs caractérisés par des niveaux de continentalité représentatifs des Alpes françaises. Afin de caractériser finement la réponse de R. ferrugineum au changement, les chronologies de largeur de cernes établies pour chaque population ont été comparées aux séries météorologiques en utilisant les approches statistiques courantes en dendrochronologie (fonctions de corrélation) mais également sur la base de modèles empruntés à l’écologie (modèles linéaires mixtes, modèles d’équations structurelles).Le premier chapitre de la thèse met en évidence le potentiel dendroécologique de R. ferrugineum. Sur la base de fonctions de corrélation, il a permis de démontrer que les températures estivales étaient le principal facteur limitant de la croissance radiale d’une population de R. ferrugineum échantillonnée dans le massif du Taillefer (Alpes françaises, 2000 m d’altitude) mais également une très forte sensibilité de cette population aux précipitations hivernales, phénomène non observé sur une population d’arbre (Picea abies) située à proximité. Dans le deuxième chapitre, l’échantillonnage initial a été complété par des prélèvements réalisés sur deux placettes étagées le long d’un gradient altitudinal (1800-2400 m). La comparaison de la croissance radiale de R. ferrugineum et des séries nivo-météorologiques locales issues de la base de données SAFRAN-crocus au moyen de modèles d’équations structurelles démontre une forte hétérogénéité spatiale et temporelle de la réponse des ligneux bas aux fluctuations du climat. La population en limite altitudinale supérieure (2400 m) est très sensible à la durée de saison végétative et à la température estivale. Cette sensibilité décroît fortement à plus basse altitude (1800, 2000 m) en relation avec l’augmentation du stress lié aux gels printaniers depuis la fin des années 1980. De la même manière, l’affaiblissement des relations cernes-climat au cours des deux dernières décennies est attribué à un phénomène de divergence similaire à celui observé dans les populations d’arbres en Arctique. Le troisième chapitre est consacré à l’analyse de populations prélevées dans le massif du Queyras (Alpes françaises du sud) où l’aridité estivale liée à la continentalité est plus marquée que dans le Taillefer. Les résultats obtenus sur deux populations localisées sur des versants ouest et nord montrent le rôle déterminant de la situation topoclimatique sur la réponse de R. ferrugineum au climat et l’impact négatif de l’augmentation de la sévérité des vagues de chaleur et de la sécheresse estivale sur la population exposée à un rayonnement solaire important. Le quatrième chapitre intègre les huit populations échantillonnées dans les Alpes. [...]