Thèse soutenue

Les essais de Marguerite Yourcenar : entre critique culturelle et liberté d’écriture
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Auteur / Autrice : Anamaria Lupan
Direction : Rémy PoignaultRodica Lascu-Pop
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures françaises
Date : Soutenance le 18/09/2020
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020) en cotutelle avec Universitatea Babeș-Bolyai (Cluj-Napoca, Roumanie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, France)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Corin Braga, Catherine Milkovitch-Rioux, Simona Modreanu, Teófilo Sanz Hernández

Résumé

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Cette thèse résulte d’un projet d’analyse des invariants des essais critiques de Marguerite Yourcenar. La justification d’une telle approche de l’exégèse yourcenarienne se trouve dans la place particulière que ce type de textes occupe dans la poétique de l’écrivaine : à l’encontre de l’opinion généralement acceptée, chez Yourcenar l’essai est un genre contraignant, qui oblige à une discipline de l’écriture et du regard et qui, de plus, ajoute une certaine incertitude quant au moment de son achèvement. De plus, bien que l’œuvre de fiction de Marguerite Yourcenar connaisse un très grand succès tant auprès des lecteurs qu’auprès des critiques, ses essais ne jouissent pas de la même réception, malgré leur valeur littéraire. En effet, on remarque que – la plupart du temps – ses essais sont lus comme étant produits par la plume de la romancière et, par conséquent, ceux-ci deviennent des écrits secondaires. Nous voulons apporter un nouvel éclairage sur une pratique d’écriture yourcenarienne qui n’a pas bénéficié de l’attention qu’elle méritait. Étudier les essais yourcenariens n’est pas une tâche facile parce que l’auteure nomme « essai » une grande variété de types de textes : préfaces, articles publiés dans des revues et textes inédits. Cependant, nous allons respecter les recommandations de l’essayiste de « rapprocher les textes » au lieu de les opposer afin de souligner à la fois la cohésion de l’exégèse de Yourcenar et ses contradictions, voire ses paradoxes. Notre étude prend en compte principalement la critique yourcenarienne telle qu’elle transparaît dans les essais réunis dans le recueil de la Pléiade, Essais et Mémoires. Établi du vivant de l’écrivaine et constitué par elle-même, bien que publié après sa mort, ce recueil nous offre la chance de mieux comprendre sa manière de se représenter l’espace culturel dans son ensemble. En outre, nous privilégions les essais de critique littéraire, à savoir les essais où Yourcenar parle d’autres auteurs ou d’autres livres, sans pour autant négliger ses essais politiques ou historiques afin d’assurer une meilleure compréhension de notre démarche. Les œuvres de fiction seront convoquées chaque fois qu’elles peuvent conduire à l’approfondissement de l’analyse du discours exégétique yourcenarien.Nous avons structuré notre thèse en trois parties : la première propose une approche plus théorique de la critique, la deuxième interroge les mécanismes qui articulent les essais critiques yourcenariens – à savoir le temps et l’influence – pour arriver, enfin, dans un troisième temps, à examiner les stratégies de la grandeur, voire de la hauteur, enjeu décisif, estimons-nous, de l’exégèse yourcenarienne. Chaque partie reprend la structure ternaire de l’ensemble et comprend, à son tour, trois chapitres. La première partie de notre thèse, intitulée « Critique et dépaysement(s) », passe en revue les moments importants de l’histoire de la critique littéraire afin de souligner la singularité de l’approche de Marguerite Yourcenar pour qui la critique dépasse l’espace livresque et devient un regard sur la société. Dans le premier chapitre de cette première partie, « Esquisse d’une histoire de la critique littéraire », nous partons de quelques définitions de la notion de « critique » données par les dictionnaires pour tracer l’évolution diachronique de ce domaine d’étude. Ensuite, nous interrogeons des théoriciens et des critiques qui ont fait école – français dans la plupart des cas – citons par exemple, Georges Blin, Albert Thibaudet, Victor Giraud, Pierre Brunel. Cette démarche nous permet d’avoir une image d’ensemble sur les aspects pris en compte à la fois par les théories objectives et par les théories subjectives étant donné que Marguerite Yourcenar alterne à son gré les deux perspectives dans son discours critique. [...]