Thèse soutenue

La méthode de la "classe puzzle" est-elle efficace pour améliorer l'apprentissage ?

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Auteur / Autrice : Arnaud Stanczak
Direction : Céline DarnonPascal Huguet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 18/12/2020
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Benoît Galand, Isabelle Régner
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Buchs, Fabrizio Butera

Résumé

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Ce travail de recherche a pour objectif de tester les effets de la classe puzzle, ou « Jigsaw classroom », sur les apprentissages. La méthode Jigsaw est une pédagogie coopérative créée par Aronson et collaborateurs dans les années 1970, afin de favoriser l’inclusion des minorités ethniques (e.g, Mexicain·es et Afro-Américain·es) dans les écoles nouvellement désegréguées. Selon la théorie de l’interdépendance sociale les effets positifs de l’apprentissage coopératif dépendent de la structuration des interactions entre individus (Deutsch, 1949 ; Johnson & Johnson, 1989). Dans Jigsaw, la structuration de cette interdépendance provient essentiellement de la distribution de ressources complémentaires : chaque individu dispose d’une « pièce du puzzle » à reconstituer à l’aide des autres membres du groupe. La coordination des efforts entre membres devrait amener ces dernier‧es à mettre en place des interactions facilitatrices (e.g., comportements d’entraide, explications et questionnements) et aboutir à un meilleur apprentissage. Toutefois, bien que cette méthode soit présentée par ses concepteur·rices comme un outil efficace pour améliorer l’apprentissage des élèves, les preuves empiriques tendent à manquer. Dans cette thèse, l’efficacité de Jigsaw sera questionnée à travers une analyse de la littérature scientifique, ainsi qu’une méta-analyse sur les travaux récents et un ensemble d’études expérimentales menées auprès d’élèves de sixième. À notre connaissance, bien que certaines recherches testant les effets de Jigsaw soient compilées dans des méta-analyses (Kyndt et al., 2013), il n’existe pas à ce jour de méta-analyses testant spécifiquement les effets de Jigsaw sur les apprentissages. À travers six chapitres, nous tenterons d’apporter des éléments permettant d’évaluer l’efficacité de la méthode Jigsaw sur les apprentissages. Dans le chapitre 1, nous présentons la théorie de l’interdépendance sociale, plusieurs définitions et manières de structurer de la coopération entre élèves ainsi qu’une revue des leurs effets sur les apprentissages. Nous développons l’idée qu’il existe des différences d’efficacité entre les pédagogies coopératives créées entre les années 1960 et 2000 (Newmann & Thompson, 1987 ; Johnson et al., 2000), et que certaines d’entre elles n’ont pas encore fait l’objet d’une validation empirique solide. Le chapitre 2 examine l’une d’elle en détail : Jigsaw (Aronson et al., 1978 ; Aronson & Patnoe, 2011). Nous y décrivons l’évolution des études empiriques menées depuis sa création jusqu’à ce jour. Le chapitre 3 pointe certaines limites de cette littérature, notamment par rapport à la puissance statistique et les procédures méthodologiques, ainsi que les impacts qu’elles peuvent avoir sur l’estimation de l’efficacité de Jigsaw sur les apprentissages. Nous y développons aussi notre hypothèse de recherche, son opérationnalisation ainsi que les outils et procédures statistiques que nous utilisons dans les chapitres empiriques : tests d’équivalence (Lakens, 2017), plus petite taille d’effet d’intérêt (Hattie, 2009) et méta-analyses (Borenstein et al., 2010 ; Goh et al., 2016). Le chapitre 4 présente les résultats d’une méta-analyse des effets de Jigsaw sur les apprentissages, à travers des articles empiriques publiés entre les années 2000 et 2020. Nous testons plusieurs modérateurs (e.g., niveau scolaire, discipline étudiée, type de Jigsaw, localisation des recherches) afin de quantifier la dispersion des effets de Jigsaw et de mieux comprendre l’hétérogénéité entre les études. Le chapitre 5 synthétise cinq études menées auprès de populations de collégien·nes français·es dans lesquelles nous testons l’efficacité de Jigsaw sur les apprentissages comparativement à des conditions de travail individuelles (études 1 et 2), ou d’enseignement habituel avec des enseignant‧es volontaires (études 3A, 3B et 3C). [...]