Thèse soutenue

Conflits civils et capital humain dans les pays en développement

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Auteur / Autrice : Dadie Michel Eric Dago
Direction : Catherine Araujo BonjeanFlorent Bresson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 20/01/2020
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches sur le développement international (Clermont-Ferrand)
Jury : Président / Présidente : Simone Bertoli
Examinateurs / Examinatrices : Zié Ballo
Rapporteurs / Rapporteuses : Rémi Bazillier, Delphine Boutin

Résumé

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Au vu de l'importance de leurs effets néfastes sur la croissance économique, les guerres civiles sont qualifiées de processus de « développement à rebours » (Collier et al. 2013). Ce constat est particulièrement vrai pour les pays en voie de développement en raison de leur vulnérabilité économique. Les impacts des conflits sont particulièrement importants et prolongés lorsqu’ils affectent le processus d’accumulation du capital humain, facteur clé du développement économique à long terme. Selon les évaluations internationales, les pays touchés par un conflit civil sont ceux qui se retrouvent régulièrement en fin de liste dans les progrès en matière d’éducation. Tel est le cas de l’Afrique qui fait face à d’énormes difficultés dans le domaine de l’éducation en raison de la prévalence élevée des conflits civils. Ces derniers accentuent la pauvreté existante et réduisent les capacités d’adaptation de la population civile à faire face à la situation de conflit civil. Cette thèse a pour objectif de déterminer les conséquences des conflits civils sur la formation du capital humain et d’évaluer l’efficacité d’une politique de transfert public sur la formation du capital en situation post conflit. Le premier chapitre traite de l’effet des conflits civils sur la répartition du temps des enfants d’âge scolaire (10-14 ans) dans le cas de la Côte d’Ivoire. Spécifiquement, il s’agit de comprendre, comment les ménages victimes de conflit civil font leurs choix en matière de scolarisation et de travail des enfants. Nos résultats montrent que le temps des enfants d’âge scolaire est principalement alloué au travail au détriment de la scolarisation. Nos résultats montrent également que ce choix des ménages dépend du genre, masculin ou féminin, et du milieu de résidence, rural ou urbain. La conclusion principale de ce chapitre est qu’en situation de conflit violent, l’allocation du temps des enfants est soumise à un compromis important entre l’école et le travail. Le second chapitre est consacré à l’évaluation des conséquences du conflit civil sur les performances scolaires en Côte d’Ivoire. A partir des mêmes données et en considérant le statut de victime du ménage, l’objectif de ce chapitre est d’évaluer le niveau d’éducation atteint par les individus d’âge scolaire obligatoire au moment du conflit. Les résultats révèlent que le niveau d’éducation moyen atteint par les enfants d’âge scolaire obligatoire au moment du conflit est moindre que celui des enfants du même âge mais non affecté par le conflit civil. Le dernier chapitre de cette thèse analyse dans le cas du Libéria, l’effet d’une politique de transfert social sur la formation du capital humain. Il s’agit de comprendre comment un programme d’alimentation scolaire assimilable à une politique de transfert public peut contribuer à réduire le recours au travail des enfants. Ce programme est particulièrement efficace pour réduire le travail des enfants de sexe masculin, des enfants vivant dans des ménages déplacés par la guerre et des enfants vivant dans des ménages dont le chef est alphabète. La principale conclusion de ce chapitre est que l'effet néfaste des conflits civils sur la formation du capital humain peut être atténué par des transferts sociaux.