Expression et régulation épigénétique des gènes homéologues chez le blé tendre
Auteur / Autrice : | Caroline Juery |
Direction : | Etienne Paux, Frédéric Choulet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie Végétale |
Date : | Soutenance le 24/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2017-2020) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génétique, Diversité et Ecophysiologie des Céréales |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Christophe Tatout |
Rapporteur / Rapporteuse : Karine Alix-Jenczewski, Marie-Angèle Grandbastien, Malika Ainouche |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
De nombreuses espèces de plantes sont polyploïdes, c’est-à-dire qu’elles possèdent plusieurs sous-génomes au sein du noyau de leurs cellules. La polyploïdie s’accompagne d’une redondance génétique qui offre un potentiel d’innovations évolutives important par un relâchement de la pression de sélection autorisant sous-fonctionnalisation, néo-fonctionnalisation, perte de gènes. Le blé tendre est une espèce polyploïde récente, apparue suite à deux hybridations interspécifiques (800 000 et 10 000 ans). Il possède un génome hexaploïde composé de trois sous-génomes : AABBDD et théoriquement, il possède trois copies homéologues de chaque gène (1A:1B:1D). Cependant, les analyses génomiques ont révélées que la moitié des séquences codantes présentaient un nombre de copie de type NA:NB:ND. Comment évolue cette redondance génétique après la polyploïdisation chez le blé tendre? Peut-on observer des différences d’expression des copies de gènes témoignant d’une évolution fonctionnelle pour cette espèce formée très récemment? Quels sont les mécanismes sous-jacents ? L’objectif de cette thèse a été d’analyser les expressions relatives des copies de gènes homéologues pour des groupes présentant trois (1 :1 :1, triades), deux (0:1:1, 1:0:1 ou 1:1:0, dyades) ou quatre copies (2:1:1, 1:2:1 ou 1:1:2, tétrades). Nous avons également relié les résultats aux caractéristiques structurales (position génomique), évolutives (présence ou absence des copies chez les espèces ancêtres) et épigénétiques (marques histones) des gènes pour répondre aux questions de recherche. Nous avons utilisé les données de RNA-seq et de ChIP-seq mises à disposition lors de la publication dela séquence génomique de référence du blé tendre (IWGSC 2018). Nous avons mis en évidence que les 51,1% de gènes en triades présentent en majorité (81%) une expression équilibrée sur l’ensemble des tissus et au cours du développement (expression élevée et constitutive). Ces gènes sont majoritairement associés la marque épigénétique d’activation de l’expression : H3K9ac. A contrario, les gènes en dyades (11,7% des gènes) et en tétrades (2,8% des gènes) présentent plus fréquemment des biais d’expression (36% et 75,4% respectivement). Ces gènes sont plus associés à la marque épigénétique liée à la répression ciblée et transitoire des séquences (H3K27me3). En revanche, aucune dominance d’expression n’a été décelée à l’échelle du génome entier. Ceci met en évidence de potentielles sous-fonctionnalisations des gènes, plus fréquentes pour des gènes différents des triades, présents dans les régions distales des chromosomes. Même si les biais d’expression correspondent à des différences déjà existantes chez les espèces ancêtres, nous avons cependant distingué des traits d’expression correspondant aux différentes étapes de l’histoire évolutive du blé : les copies du sous-génome D sont moins réprimées et moins associées à la marque H3K27me3 ; les biais d’expression entre les copies AABB sont plus prononcés. Ainsi, la coévolution des deux sous-génomes AABB pendant 800 000 ans est décelable alors que le sous-génome D semble encore s’exprimer de façon autonome. Ces résultats suggèrent que ce génome comprend des gènes très contraints évolutivement qui constitueraient le « core » génome de l’espèce avec des fonctions de bases conservées (gènes en triades) et des gènes présentant des variations du nombre de copies, des régulations différentielles et des fonctions spécifiques témoignant de possibles innovations évolutives, appartenant probablement au génome dit « dispensable » (dyades et tétrades).