Économie écologique pour une soutenabilité et résilience écosystémique des pêches face aux changements globaux
Auteur / Autrice : | Adrien Lagarde |
Direction : | Luc Doyen, Olivier Thébaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 26/11/2020 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe de recherche en économie théorique et appliquée (Pessac, Gironde ; 2007-2021) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Luc Doyen, Olivier Thébaud, Fabian Blanchard, Sebastian Villasante, Emmanuelle Augeraud-Veron, Sylvie Ferrari, Joachim Claudet |
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabian Blanchard, Sebastian Villasante |
Mots clés
Résumé
Atteindre les différents objectifs du développement soutenable, incluant notamment la protection des océans, la conservation de la biodiversité marine et une utilisation soutenable des ressources halieutiques constitue un défi pour les pêcheries industrielles et artisanales du monde entier. Les changements globaux, qui affectent les dynamiques écologico-économiques des écosystèmes marins et côtiers, compliquent significativement l'atteinte de ces objectifs. A travers la prise en compte de critères écologiques, économiques et sociaux liés respectivement au maintien de la biodiversité halieutique, de la viabilité économique des pêcheries et de la sécurité alimentaire, cette thèse a pour objectif d'identifier des stratégies de gestion de pêche permettant d'assurer la soutenabilité et la résilience des pêcheries maritimes.La recherche s’appuie sur deux études de cas: les pêcheries industrielles du Golfe de Gascogne et les petites pêcheries côtières coralliennes de Polynésie Française. Plusieurs modèles écologico-économiques sont développés et calibrés. Dynamiques, spatialement explicites, multi-flottilles, multi-espèces et stochastiques, ces modèles prennent en compte la complexité des interactions propres aux socio-écosystèmes étudiés, tout en s'inscrivant dans la famille des modèles de complexité intermédiaire pour une gestion écosystémique des pêches. Les paramètres des modèles sont calibrés en utilisant à la fois des données locales propres aux deux études de cas, et des données climatiques. Le choix de l’effort de pêche comme variable de contrôle du système permet de prendre en compte la relative flexibilité et la diversité d'outils de régulation propres aux systèmes de gestion étudiés. Une attention particulière est portée aux stratégies de pêche multi-espèces que sont le Multi-Species Maximum Economic Yield (MMEY), le Multi-Species Maximum Sustainable Yield (MMSY) ou l'éco-viabilité. Les stratégies, scénarios et projections dérivés des modèles sont comparés en utilisant des critères écologico-économiques de soutenabilité, de résilience et de viabilité tels que le maintien dans le temps des profits de l'activité de pêche, le maintien de la production alimentaire dont dépendent les populations insulaires et côtières et de la conservation des fonctions écologiques et de la biodiversité.Au delà des modèles, des stratégies de pêche et des scénarios construits pour les 2 études de cas, cette thèse présente une série de résultats transversaux importants: en premier lieu, l’analyse met en exergue la nécessité d'une redistribution temporelle, spatiale et par espèce des efforts de pêche pour la soutenabilité et la résilience des pêcheries maritimes. Plus concrètement et précisément, la recherche montre qu'une stratégie de diversification temporelle, spatiale, de métiers de pêche et d'espèces ciblées peut favoriser la soutenabilité et la résilience de tout le système pêche face aux incertitudes et à la complexité. Les stratégies stochastiques MMEY, MMSY et d'éco-viabilité apparaissent particulièrement pertinentes dans cette perspective. Ainsi une meilleure flexibilité des flottilles de pêches (dépendant de la flexibilité des instruments de régulation), qui serait fonction des incertitudes globales et du contexte écologico-économique, soutiendrait la viabilité et la résilience des pêcheries, artisanales comme industrielles. D’une manière générale, ces différents résultats mettent en évidence l’importance d'inscrire l'approche écosystémique dans une perspective écologico-économique et la nécessité de planifier le développement des pêcheries par une gestion multi-critère, adaptative, résiliente afin de minimiser les risques futurs.