Thèse soutenue

Inégalités sociales de santé dans la maladie rénale chronique chez les jeunes
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Auteur / Autrice : Bénédicte Driollet
Direction : Jérôme HarambatKaren Leffondré
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique Epidémiologie
Date : Soutenance le 05/11/2020
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : François Alla
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Harambat, Karen Leffondré, François Alla, Cyrille Delpierre, Cécile Vigneau, Maria Melchior, Karen Leffondré
Rapporteurs / Rapporteuses : Cyrille Delpierre, Cécile Vigneau

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La maladie rénale chronique (MRC) correspond à des dommages structurels des reins qui conduisent à une réduction progressive et anormale des fonctions rénales. Ces fonctions d’épuration, de régulation et de sécrétion d’hormones sont vitales et leurs dégradations peuvent être fatales. Cette maladie s’aggrave de façon inéluctable à travers cinq stades et est irréversible. Une fois atteint le stade 5 ou « terminal » de la MRC (insuffisance rénale terminale, IRT), il est nécessaire de mettre en place un traitement de suppléance : la dialyse ou la transplantation d’un nouveau rein. On parle alors d’IRT traité (IRTT). Alors que la MRC à différents stades pourrait toucher 5 à 10% de la population française adulte, et comprenait près de 90 000 patients en IRTT en 2018, cette maladie est rare au sein de la population pédiatrique, avec environ 930 enfants en IRTT en 2018. Cependant, ses conséquences peuvent être majeures puisqu’elle impacte le développement physique et psychosocial de l’enfant (retard de croissance, dénutrition, problèmes cognitifs…). Ainsi, les objectifs des soignants, personnels de santé et chercheurs sont de ralentir la progression de la maladie vers le stade terminal, et une fois atteint, d’optimiser les traitements de suppléance pour assurer la meilleure prise en charge possible et une meilleure qualité de vie aux patients. Dans ce contexte, étudier les inégalités sociales de santé peut se révéler pertinent pour aider à l’élaboration d’interventions mieux ciblées à chaque population. Cependant, chez l’enfant, le lien entre des facteurs sociaux comme le revenu, le niveau d’éducation ou encore le contexte familial et la MRC n’est que très peu exploré. A notre connaissance, aucune étude n’a été réalisée en Europe sur l’impact de la défavorisation sociale sur le parcours de soins, les modalités et les résultats de prise en charge à différents stades de la MRC pédiatrique. Or, en Europe et en France plus particulièrement, le système de santé mis en place mais également les aides sociales proposées ne sont pas les mêmes qu’aux Etats-Unis ou dans les pays à ressources limitées dans lesquels des associations ont été mises en évidence. Il est donc important d’évaluer si les résultats observés dans ces pays sont superposables à la France pour adapter la prise en charge des enfants et adolescents. L’objectif de cette thèse est donc d’étudier les inégalités sociales de santé dans la MRC pédiatrique et plus précisément d’évaluer l’association entre la défavorisation et l’évolution de l’IRTT chez des enfants et adolescents. Pour répondre à cet objectif, nous avons utilisé des données de patients âgés de moins de 20 ans entre 2002 et 2015, issues du registre national REIN, recueillant les informations de tous les patients initiant un traitement de suppléance par dialyse ou greffe rénale. En l’absence d’indicateurs individuels, la défavorisation sociale a été estimée à l’aide d’un indicateur écologique appliqué à l’adresse de résidence des enfants, l’European Deprivation Index, score continu catégorisable en cinq groupes : le quintile 1 correspondant aux zones géographiques les plus favorisées et le quintile 5 aux zones les plus défavorisées du pays. Nous avons ainsi étudié l’association entre l’EDI et 1) l’incidence de l’IRTT pédiatrique en France, 2) des indicateurs de prise en charge et conditions cliniques à l’initiation de la dialyse, puis 3) la survie du greffon et du patient chez les jeunes transplantés rénaux. Les résultats principaux de cette thèse sont que, chez les patients issus de milieux les plus défavorisés, l’incidence de l’IRTT était plus élevée, le traitement de suppléance était plus tardif, plus souvent effectué en urgence et en hémodialyse et que l’échec de transplantation rénale état plus fréquent. Nous pensons que l’étude de cette association avec différents critères de l’IRTT est importante pour proposer des prises en charge ciblées pour cette population.