Thèse soutenue

L'implicite dans le théâtre espagnol d'avant-garde : analyse de « Luces de bohemia » et de « Yerma »

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Auteur / Autrice : Vanessa Saint-Martin
Direction : Dominique Breton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études hispaniques et hispano-américaines
Date : Soutenance le 27/11/2020
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AMERIBER-Amérique latine, Pays ibériques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Federico Bravo
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Breton, Isabelle Reck, Daniel Moisés Sáez Rivera, Myriam Ponge, Isabelle Bouchiba-Fochesato
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Reck, Daniel Moisés Sáez Rivera

Résumé

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Cette thèse analyse les modalités et les enjeux du langage implicite au sein de deux pièces du théâtre espagnol d’avant-garde. À travers l’étude approfondie de Luces de bohemia et Yerma, écrites respectivement par Ramón del Valle-Inclán et Federico García Lorca, ce travail de recherche met en exergue l’importance d’une communication oblique dans le projet de renouveau de ces deux dramaturges emblématiques du premier tiers du XXe siècle. Il s’attache d’une part à présenter les différentes composantes du répertoire implicite présentes dans la matrice textuelle de chacune des deux pièces, à examiner leur fonctionnement dans les échanges entre les personnages ainsi qu’avec le public et à déterminer leur place dans l’esthétique grotesque de l’esperpento et dans la réflexion sur le clivage du sujet au sein du poème tragique. L’exploration de l’implicite en interaction implique en outre une prise en compte du contexte et de la multiplicité de signes qui échappent au domaine strictement verbal, mais qui participent pleinement à l’actualisation de ces contenus latents. C’est pourquoi cette étude inclut également un corpus de mises en scène et d’adaptations cinématographiques. D’autre part, il s’agit de démontrer que la prolifération des sous-entendus, de l’ironie, des actes illocutoires indirects, des métaphores, ou encore des points de suspension n’obéit pas uniquement à une finalité cosmétique. N’ayant de cesse de questionner la théâtralité — la stratification du dispositif énonciatif, la tension entre le texte et la représentation, la densité des signes —, ces informations livrées en marge de ce qui est expressément dit instaurent une véritable poétique de l’ambiguïté qui ébranle les fondements de la dramaturgie conventionnelle. La concentration de ces procédés trouble en effet le bon fonctionnement du dialogue entre les personnages, entraînant également une rupture dans le rapport avec les lecteurs/spectateurs. En définitive, cette argumentation propose de mettre en regard les formes lacunaires avec la volonté de mettre fin à l’endormissement du public, appelé à endosser un rôle décisif dans le déchiffrement des implicites intégrés à un théâtre total.