Thèse soutenue

« Si d'argile se souvient l'homme ». Résonances de la préhistoire dans la littérature et les arts plastiques (1894-2019) : domaines français, espagnol, anglais et américains

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Auteur / Autrice : Chloé Morille
Direction : Jean-Paul EngélibertFrançois Jeune
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 23/10/2020
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Poulin
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Engélibert, François Jeune, Lionel Ruffel, Dominique Vaugeois, Rémi Labrusse
Rapporteurs / Rapporteuses : Lionel Ruffel, Dominique Vaugeois

Résumé

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En 1894, l’écrivaine espagnole Emilia Pardo Bazán descend dans la grotte d’Altamira pour aller voir de ses propres yeux les peintures pariétales qu’elle contient, et en rapporter un témoignage littéraire – alors que la communauté scientifique internationale ne les reconnaît pas encore. Au fil du XXe siècle, et surtout après la découverte de Lascaux en 1940, tout un cortège d’écrivains et d’artistes lui emboîte le pas sans le savoir, s’engouffre sous terre et s’affilie à la préhistoire, de Joan Miró et Georges Bataille à Hubert Duprat ou Clayton Eshleman. En confrontant de nombreux vestiges préhistoriques (« arts » pariétal et mobilier, gravures rupestres, mégalithes) du Paléolithique, Mésolithique et Néolithique, à un vaste corpus d’œuvres qui leur répondent en littérature (romans, poèmes, essais) et dans les arts plastiques (peintures, sculptures, installations, performances), on cherche à voir comment la préhistoire est entrée, à titre individuel et collectif, dans l’œil, le cœur et l’esprit des créateurs et, plus généralement, comment elle a intégré le « musée imaginaire » occidental. Nous émettons l’hypothèse que la découverte de formes d’« arts » préhistoriques a grandement contribué à l’affection générale pour la préhistoire, qui a donc gagné la mémoire collective occidentale au moins autant par l’approche esthétique que scientifique. On s’intéresse à la dialectique entre apprivoisement culturel et perturbations du savoir, induits par la révélation préhistorique. Le premier mouvement de reconnaissance se double ainsi de dispositifs artistiques de défamiliarisation, à même de restituer l’étrangeté préhistorique. Ce travail se demande enfin comment les œuvres, depuis leurs moyens plastiques et littéraires, nourrissent un questionnement anthropologique sur le devenir-humain.