''Je ne suis pas une femme'' : le roman de formation féminine au féminin en France, Angleterre et Espagne, de l'entre-deux-guerres à l'après-guerre
Auteur / Autrice : | Ambre-Aurélie Cordet |
Direction : | Anne-Gaëlle Weber, Anne Tomiche |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance le 03/12/2020 |
Etablissement(s) : | Artois |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Guillaume Bridet |
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Gaëlle Weber, Anne Tomiche, Guillaume Bridet, Henri Garric, Frédéric Regard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Bridet, Henri Garric |
Mots clés
Résumé
En France, Angleterre et Espagne, de l'entre-deux-guerres, apparaît un nouveau roman de formation féminine qui se distingue de la définition traditionnelle attribuée à ce genre romanesque comme étant le récit de la lente défaite d'une jeune héroïne accumulant malheurs et désillusions, sanctionnant l'impossibilité de toute ''formation'' féminine. Il s'agit dans ce travail d'analyser comment les autrices qui s'emparent du roman de formation féminine à partir de la fin des années 1920 le réforment, en croisant réflexion sur la notion de ''formation'' et sur celle de ''féminité''. L'intérêt qu'elles portent au récit, jusque-là inédit, de la formation physique de leurs héroïnes rend manifeste la construction sociale et imaginaire de la ''féminité'' à travers une tension en ''transformation'' et ''déformation'' à laquelle se trouvent confrontées leurs héroïnes. Le récit de la formation féminine se fait ainsi dénonciation de la féminisation forcée avec laquelle elle se confond encore : la sexuation du corps des héroïnes va de pair avec un ensemble d'injonctions (à être) et d'interdictions (de faire) qui brouille et réduit drastiquement leur liberté de mouvement et d'action. Sur le plan narratif, l'enjeu devient alors pour les héroïnes de franchir les limites qu'on leur impose. Or, la transgression des limites de genre (gender) par les héroïnes coïncide avec un transgression générique (romanesque) : le parcours des héroïnes, de la prise de conscience des limites qui leur sont imposées à leur transgression, se fait ainsi le reflet du parcours d'écriture des autrices. Réciproquement, de même que les récits de ces romans de formation féminine expriment la volonté des héroïnes de se soustraire aux restrictions du genre (gender), la réformation même de ce genre romanesque par les autrices s'affirme comme un acte de remise en cause et de contestation du genre (gender) : formation des héroïnes et formation des autrices se conjuguent.