La correctionnalisation de l’avortement dans la France de l’entre-guerres : les femmes pauvres face à la répression
Auteur / Autrice : | Fiona Casey |
Direction : | Christine Bard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Soutenance le 29/01/2020 |
Etablissement(s) : | Angers |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Temps, Mondes, Sociétés (2015-...) |
Laboratoire : Temps, Mondes, Sociétés (2015-...) | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Chaperon, David Niget |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Emmanuelle Demartini, Mathias Gardet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
De 1810 à 1923 l’avortement en France est un comme un crime jugé en Cours d’Assises. La loi de 27 mars 1923 re classifie l’avortement en délit jugé par le tribunal correctionnel. Une analyse de cette loi et des motivations de cette astuce juridique, révèlent qu’un lobby conservateur construit une rhétorique de la ''crise de dépopulation'' et fait adopter des lois régissant la fertilité féminine. Cette loi fait partie d’un arsenal juridique, qui inclut des lois de 1920 et 1939, pour maintenir la femme dans son rôle traditionnel de mère au foyer. La préservation de la famille patriarcale est la solution à ce « débâcle démographique » qui s’aggrave depuis la Grande Guerre. Des historien.nes considèrent l’adoption de ces lois comme un signe du pouvoir des antiféministes de l’époque. Néanmoins, leur politique ne parvient pas à augmenter le taux de natalité avant la fin de la IIIe République. Comment pouvons-nous expliquer cet échec ? Qu’est -ce que cet échec nous apprend de l’histoire des femmes de l’entre-deux-guerres en France ? Une analyse de la rhétorique d’anti-avortement des familialistes-natalistes, mise en contraste avec des récits d’expériences réelles d'avortement rassemblées dans les procès-verbaux pris pendant des poursuites pour avortement nous aide à répondre à ces questions. La rupture entre la rhétorique familialiste-nataliste et la réalité de l’avortement, explique en partie l’échec de leur politique répressive. Cette thèse démontre que les autorités judiciaires ne perçoivent pas l'avortement comme un problème de déclin de la population. Elles utilisent plutôt des enquêtes et des procès pour avortement pour condamner des femmes et pour les humilier méthodiquement en public afin de détruire leurs réputations. Ces juges, partageant la vision dominante sur le rôle social de la femme, se servent de ces procès comme un outil de contrôle social des femmes. Ce sont surtout des femmes de la classe populaire qui paient le prix le plus élevé pour leur choix d’avorter.